Procès Scitivaux : « J’aurais dû faire mieux », le diocèse d’Orléans a su pendant 20 ans avant de signaler les faits de pédocriminalité

Procès Scitivaux : "J'aurais dû faire mieux", le diocèse d'Orléans a su pendant 20 ans avant de signaler les faits de pédocriminalité
Procès Scitivaux : "J'aurais dû faire mieux", le diocèse d'Orléans a su pendant 20 ans avant de signaler les faits de pédocriminalité

Au premier jour du procès d’Olivier de Scitivaux devant la cour d’assises d’Orléans, ce mardi 21 mai, l’évêque Jacques Blaquart a passé deux heures à la barre. A l’origine des premiers signalements des faits de pédocriminalité du père de Scitivaux, il a été interrogé sur la lenteur de la réaction de l’Eglise.

Veste verte délavée, grosses lunettes derrière lesquelles les yeux sont rougis. Olivier de Scitivaux, 64 ans aujourd’hui, comparait devant la cour d’assises d’Orléans, ce mardi 21 mai. L’ancien prêtre regarde, la plupart du temps, droit devant lui ou vers ses mains, aplaties sur la petite table derrière laquelle il est assis.

Pendant que s’accumulent les éléments qui lui sont reprochés, il reste affalé sur sa table, n’osant qu’un seul regard furtif en direction des victimes. Quatre hommes, dont trois frères. L’ancien recteur de la basilique de Cléry-Saint-André est accusé de viols et d’agressions sexuelles, alors que les quatre hommes étaient de jeunes garçons, entre 1990 et 2002.

Le président, Sébastien Evesque, prend une grosse demi-heure pour lire l’ordonnance de renvoi de l’affaire aux assises. Toute l’affaire y est résumée : plusieurs des victimes racontent des attouchements, des pénétrations, des fellations données et subies, alors qu’elles étaient âgées d’à peine une dizaine d’années. Les faits se sont déroulés dans un camp de vacances où Olivier de Scitivaux était moniteur en Bretagne, chez le prêtre dans le Loiret, ou encore chez ses parents. Entendant ces accusations, l’ancien prêtre se prend la tête dans les mains. À la barre, avant l’audition des témoins, il dit vouloir « que les débats permettent [aux victimes] de se reconstruire« .

Le matin se passe avec des rappels des faits recueillis par trois enquêteurs. Six ans se sont écoulés depuis le signalement du diocèse au procureur et le début des investigations, en 2018. Les témoignages spontanés des témoins sont clairs, construits. Leurs réponses aux questions des avocats sont souvent lapidaires. « Je suis désolé, je ne me souviens pas« , entend-on souvent, lorsque leur est demandé ce qui s’est dit lors de l’une des dizaines d’auditions de témoins réalisées.

Se dessine pourtant une évidence : l’Église savait. Entre 1997 et 2000, plusieurs familles dénoncent des « comportements inappropriés« . Un responsable d’aumônerie parle de gestes déplacés. Une mère de famille rapporte une « blague« , faite par le père de Scitivaux à plusieurs enfants : « Quel est le point commun entre un prêtre et un sapin de Noël ? Ils ont tous les deux des boules bien rouges.« 

Le père de Jérôme, l’un des quatre hommes partie civile, se manifeste en 2007, mécontent de constater que le prêtre va accompagner des enfants lors d’un pèlerinage à Rome. Et, au retour dudit pèlerinage, une sœur rapporte de nouveaux faits troublants dans le comportement du religieux. Le diocèse réagit avec une enquête interne, qui n’aboutit pas, face à l’absence de plaintes des victimes potentielles. L’évêque de l’époque, André Fort, a été condamné en 2018 pour non-dénonciation d’actes pédophiles commis par un autre prêtre, Pierre de Castelet.

En 2012, la religieuse réédite ses signalements auprès du nouvel évêque d’Orléans, Jacques Blaquart. Avant que ce dernier, en 2016, ne rencontre le père de Jérôme. « À l’époque, on commence à parler des affaires de pédocriminalité, explique-t-il devant la cour. L’affaire de Lyon, le père de Castellet mis en examen, le film Spotlight que je suis allé voir avec des personnes victimes. » Entre-temps, Monseigneur Blaquart a initié une cellule d’écoute au sein du diocèse, l’une des premières de France, qui reçoit début 2016 des témoignages arrivant de tout le pays.

Début 2017, il rencontre Jérôme. « Il m’a dit que ça faisait des années qu’il attendait ça« , se souvient-il. L’évêque signale les faits à la procureure, mais rien n’en ressort. Ce n’est qu’un an plus tard, avec un deuxième témoignage recueilli et un changement de procureur, que le parquet s’empare réellement de ce qui devient alors l’affaire Scitivaux, et ouvre une enquête.

Les avocats, tant des parties civiles que de la défense, soulignent le rôle positif de Jacques Blaquart, qui a rompu la loi du silence qui règne dans l’Église. « Sans vous, il n’y aurait peut-être pas ce procès« , estime Damien Brossier, conseil de l’accusé. « Votre position n’a pas été facile au sein du collège des évêques de France quand vous avez parlé de ces sujets », ajoute-t-on du côté des parties civiles. Pourtant, la chronologie interroge. Pourquoi a-t-il fallu attendre 2018 pour ouvrir une enquête sur des faits déjà documentés à l’arrivée de l’évêque à Orléans, en 2010, et alors qu’une enquête interne avait été menée ?

À l’époque, « dans le dossier, je n’ai pas de faits précis« , du moins « pas de faits délictueux, rien qui me fait dire que je dois dénoncer les faits à la justice« . Interrogée un peu plus tard, la sœur qui lui avait écrit en 2012 rapporte une rencontre avec l’évêque. « Il m’a dit qu’il y avait des gestes contraires à la chasteté, mais que ce n’était pas des abus sexuels. » L’évêque reconnaît :

Il y a eu une naïveté de ma part, une trop grande confiance, et une sidération peut-être.

Jacques Blaquart, évêque d’Orléans

Si bien que, au regard des faits reprochés aujourd’hui, les mesures prises par le diocèse avant le début de l’enquête judiciaire interrogent. En 2013, le père de Scitivaux est transféré par le diocèse à Cléry-Saint-André, avec interdiction d’être seul avec des enfants. Jacques Blaquart avait-il le pouvoir de faire respecter cette mesure ? « Je n’en ai pas beaucoup, l’évêque n’est pas un général. » Les questions des avocats des parties civiles le bousculent, pendant près de deux heures. « Pour les parties civiles, il était insupportable d’entendre que l’Eglise avait parfaitement fait son travail dans ce dossier« , explique à France 3 Me Antoinette Frety.

« J’aurais dû faire mieux« , confesse-t-il, interrogé sur sa responsabilité personnelle. « Vous vous rendez compte de la chance qu’on a de ne pas avoir de victimes de monsieur de Scitivaux postérieure à 2010 ? » « Oui« , répond-il, simplement. Il reconnaît aussi l’aspect « systémique » des violences sexuelles contre des mineurs dans l’Église. Mais botte en touche lorsqu’il est interrogé sur la faillibilité de la réponse du diocèse d’Orléans avant 2010. « Si j’avais été évêque en 2002, qu’est-ce que j’aurais fait ?« 

« J’ai envie de demander pardon aux victimes d’avoir traîné de 2012 à 2016, conclut-il C’est à elles que je pense aujourd’hui. Ces traumatismes réveillés. Et j’ai compris que je ne pouvais pas régler ces affaires-là tout seul. » Avant de venir s’installer au premier rang de l’assistance, à deux sièges des victimes.

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