La santé sexuelle et reproductive (SSR) est un enjeu majeur pour les jeunes filles en République Démocratique du Congo. Pour mieux comprendre les défis et les opportunités liés à l’accès à ces services, le Desk Femme d’Actualité.cd a interrogé Ketshia Mohozi, sociologue et spécialiste des questions de genre et de santé.
Selon elle, la SSR est bien plus que la contraception. C’est un ensemble de droits qui permettent aux individus, notamment aux femmes et jeunes filles, de prendre des décisions éclairées concernant leur corps et leur sexualité.
« La SSR est avant tout une question de santé publique. Elle permet de prévenir les grossesses non désirées, de réduire la mortalité maternelle, de lutter contre les IST et les complications liées à l’avortement. C’est aussi un moyen de promouvoir l’autonomisation des femmes et de leur permettre de prendre des décisions éclairées concernant leur corps et leur vie« , a-t-elle dit.
Malgré ces avantages, la sociologue note que l’accès aux services de SSR reste complexe en RDC. Les normes sociales et les croyances traditionnelles constituent un obstacle majeur, explique-t-elle
« Les mariages précoces, les mutilations génitales féminines, les notions de pureté et de chasteté avant le mariage sont autant de pratiques profondément ancrées dans certaines communautés. Ces normes limitent considérablement l’autonomie des jeunes filles et leur accès à l’information et aux services de santé« .
La sociologue souligne également les défis liés aux représentations sociales de la sexualité : « la sexualité est souvent taboue, voire perçue comme une honte dans certaines cultures. Cette vision restrictive empêche les jeunes filles d’aborder librement les questions liées à leur corps et à leur santé. De plus, la méconnaissance des droits sexuels et reproductifs contribue à renforcer les inégalités entre les hommes et les femmes. »
Pour Ketshia Mohozi, les jeunes filles sont particulièrement exposées à ces défis. « Elles sont souvent marginalisées et n’ont pas les mêmes opportunités que les garçons. Les grossesses précoces interrompent leurs parcours scolaires et les enferment dans des situations de précarité« .
Pour améliorer l’accès aux services de SSR, la sociologue propose plusieurs pistes :
– La sensibilisation et l’éducation sexuelle en menant des campagnes d’information à grande échelle pour déconstruire les stéréotypes et les tabous liés à la sexualité.
– L’implication des communautés dans la promotion de la SSR afin de favoriser un changement de mentalités.
– Le renforcement des systèmes de santé en améliorant l’accès géographique et financier aux services de SSR, notamment en milieu rural.
– La protection des droits des filles en luttant contre les mariages précoces et les mutilations génitales féminines.
Nancy Clémence Tshimueneka
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