À l’approche de la seconde session du Synode, il y a lieu de s’étonner que la question des femmes tienne si peu de place, à la fois dans cette enceinte, dans la politique de l’Église, mais aussi dans le comportement même des femmes.
L’éviction de la question des femmes du débat synodal est une décision du pape, qui a aussi réaffirmé leur exclusion des « ordres sacrés », c’est-à-dire du clergé (1). On sait que le pape ne souhaite pas « cléricaliser » les femmes. Il préfère avoir recours au sacerdoce commun des fidèles qui permet, au titre de leur baptême, de promouvoir les laïcs, hommes et femmes.
Mais que n’a-t-il couplé ces deux décisions humiliantes avec des gestes positifs pour les femmes ? Cela ne peut que donner l’impression qu’elles comptent bien peu dans l’esprit du pontife et sans doute de tout le magistère romain, durablement empêtré dans les tensions liées à la déclaration Fiducia supplicans sur l’homosexualité (2). Pris entre des pressions opposées, François semble se contenter de naviguer au moins mal, un coup de rame à gauche, un autre à droite, et vogue la galère… Mais derrière ces subtiles stratégies, il y a la moitié de l’humanité. En quelle estime est-elle tenue ?
Difficile intégration dans l’Église
Le second étonnement est de se demander pourquoi il est si difficile de faire avancer l’intégration des femmes dans l’Église. Qu’une institution « mondaine » freine des quatre fers n’a rien de surprenant : le corporatisme de genre est puissant, la préservation des privilèges aussi.
Mais l’Église du Christ, ce n’est pas le monde : ce devraient être la fraternité et la sororité. Jésus n’a jamais assigné les femmes à l’effacement et à la sujétion. Il les veut libres, de la même liberté que celle reconnue aux hommes. Dans son Église, « experte en humanité », on devrait entendre ce cri du cœur : « Sœurs bien-aimées, les portes de l’Église vous sont largement ouvertes, construisons ensemble le Royaume ! »
La peur du clergé
Et pourtant, il n’en est pas ainsi. D’une part, depuis plus d’un millénaire, les femmes font peur au clergé, qui les tient à distance et les diabolise car elles menacent leur vœu de chasteté. D’autre part, sur la masculinité du clergé s’est construite une masculinité de Dieu, fantasmée et fautive, mais assez ancrée pour dissuader de voir en une femme le représentant du Christ. Ensuite, une typologie des genres a figé les fonctions, hommes d’un côté, femmes de l’autre.
Enfin, pour asseoir cette typologie, Rome a fait appel à la notion de « différence » qui, en assignant aux femmes la « vocation » d’être épouses et mères, confirme leur éviction des « ordres sacrés ». Ainsi s’établit une inégalité ontologique tout à fait étrangère à l’esprit de Jésus. D’évidence, l’Église se plie davantage aux lois du corporatisme mondain qu’aux consignes évangéliques. Mais en décidant que les femmes sont « moins » que les hommes, ne fait-elle pas de celles qui sont catholiques la dernière colonie du monde occidental ? Devant le poids d’un tel risque, n’est-il pas étonnant que le magistère ne se précipite pas pour mettre fin au plus vite à cet apartheid ?
Aux yeux de Dieu
Le troisième étonnement nous concerne, nous les femmes : pourquoi supportons-nous cet état de fait ? Avons-nous si peu d’estime de nous-mêmes, si peu de considération pour notre personne ? N’avons-nous aucun prix aux yeux de Dieu ? Au pays des droits humains, au sein d’une institution qui aurait dû donner l’exemple de l’émancipation, acceptons-nous d’être éternellement assignées au retrait ? Serions-nous, comme le rappelle La Boétie, les complices d’une servitude volontaire ?
Et ne croyons pas qu’en pliant l’échine nous gagnons en humilité, comme le susurrent encore aux religieuses certains de leurs aumôniers : « Par votre abaissement, vous partagez en silence les souffrances du Seigneur Jésus. » Non, cette humilité-là n’est qu’une paresse, une peur maquillée en vertu. L’abaissement qui ignore les talents donnés par le Créateur rappelle l’attitude du mauvais intendant à qui le maître a reproché de ne pas avoir fait fructifier son bien (3).
Car nos talents sont le bien du Créateur, pas les nôtres propres. En se mésestimant, l’intendant a aussi montré en quelle mésestime il tenait son maître : « Je savais que tu es un maître dur. » Est-ce ainsi que l’on parle de Dieu ? L’estime de soi est d’abord l’estime de l’acte créateur de Dieu. « Merveille que je suis », dit le psaume (4). Comment ne pas tout faire pour l’honorer ?
La dignité des femmes
Il est vrai que la férule magistérielle sur les femmes peut paraître douce et, à certaines, reposante. Enfin s’éloigner des conflits, espérer même les aplanir en acceptant le rôle second qui leur est assigné… Pourtant, l’estime de soi ne s’y retrouve pas. Certes, la dignité des femmes est réaffirmée, mais c’est au Ciel ; certes, les compliments fusent, dithyrambiques parfois, mais dépourvus de conséquences pratiques ; certes, les responsabilités existent, mais le plus loin possible du cœur du ministère pastoral. Sommes-nous des oies blanches bonnes à duper ?
Alors, que voulons-nous ? Le charme discret du conservatisme patriarcal ou la liberté évangélique ? Si nous voulons que notre Église soit fidèle au message de Jésus, alors la cause des femmes est une urgence pour tout catholique.
(1) 21 mai 2024.
(2) 18 décembre 2023.
(3) Matthieu 25, 14-30.
(4) Psaume 139 (138) 14.
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