Affaire Jegou-Auradou: comment la plaignante justifie ses messages ambigus à une amie en sortant de l’hôtel

Deux mois désormais après cette obscure nuit du 6 au 7 juillet à Mendoza, Hugo Auradou et Oscar Jegou ont pu regagner la France, le premier ayant même repris le chemin de l’entraînement, cette semaine, avec la Section paloise. Toujours mis en examen en Argentine pour viol aggravé, les deux joueurs du XV de France espèrent l’abandon des charges dans les prochains jours, et l’obtention d’un non-lieu qui viendrait clore – du moins sur le terrain judiciaire – l’un des scandales de l’été.

À plus de 10.000 kilomètres de là, la femme de 39 ans qui accuse les deux rugbymen tricolores tente elle de se battre pour faire entendre sa version des faits. Sortie de l’hôpital la semaine passée après avoir été internée dans la foulée d’une tentative de suicide, Maria Soledad a accordé ces derniers jours un entretien au Diario UNO, un média local, dans lequel elle raconte, encore, ce qu’elle présente comme une nuit d’horreur. Une interview dans laquelle elle est également confrontée à certaines de ses contradictions. Notamment sur la question des fameux messages WhatsApp.

Les enquêteurs se sont en effet penchés sur plusieurs messages vocaux envoyés par la plaignante à une amie, quelques heures après avoir quitté l’hôtel Diplomatic où elle aurait été, selon elle, violée par Hugo Auradou et Oscar Jegou. Dans ces premiers échanges, retranscrits et publiés en août par le grand quotidien Clarin, on voit ainsi la femme de 39 ans décrire une nuit de sexe relativement brutale avec Hugo Auradou, mais sur un ton enjoué.

« Boluda! (une expression argentine pour s’adresser à une amie, NDLR) Merci pour le soutien, pour tout. J’ai rencontré un rugbyman français. Super grand le mec. Trop beau, trop beau. Je suis rentrée chez moi à 9h du matin. À 9h! Je te dois tout, tu m’as encouragée à ne pas rester ici avec [prénom de sa fille] chez moi, toujours la même histoire. Quand je sors, j’en profite. Il m’a éclatée. Il m’a éclatée. Il m’a pris la joue et m’a laissé des petits bleus sur le visage, sur la mâchoire, sur le cul, des éraflures dans le dos », explique d’abord la plaignante à son amie.

« Il m’a explosée, le mec », poursuit-elle dans un autre message. « J’ai des marques sur le dos, la mâchoire. J’ai un œil au beurre noir, j’ai des bleus partout sur les seins, des marques sur le cul. Il m’a explosée. J’ai un œil au beurre noir, meuf. Le mec, super amoureux mais quand il baisait… Une b*** géante. Énorme le brun. Magnifique. Des yeux… Mais boluda, j’ai dû prendre un Diclofénac (un anti-inflammatoire) parce qu’il m’a explosée. »

Ce n’est que dans un deuxième temps, après plusieurs relances inquiètes de son amie, que la plaignante aurait commencé à évoquer sur un ton autrement plus grave des abus sexuels et le rôle d’Oscar Jegou.

À de nombreuses reprises, les avocats de Maria Soledad ont dénoncé cet été une manipulation, des messages sortis de leur contexte, publiés dans le désordre et de manière incomplète. Toujours est-il qu’ils ont été exploités au maximum par la défense des deux joueurs, et qu’ils auraient joué un rôle majeur dans la fragilisation de l’accusation, permettant la remise en liberté d’Hugo Auradou et Oscar Jegou.

Comment la plaignante les explique-t-elle aujourd’hui? C’est la question que lui a posée le Diario UNO. « J’étais sous l’effet d’analgésiques et de pilules d’Alprazolam (un anxiolytique, NDLR) et sous l’effet de l’alcool », répond-elle. « Je ne considère pas ces enregistrements comme vrais. J’ai honte de cette situation, de l’avoir décrite comme ça, parce que ce n’est pas comme ça que je l’ai racontée (dans son ensemble). »

Mais pourquoi, outre les termes employés, ce ton aussi léger? « Un million d’idées me viennent à l’esprit », ajoute-t-elle. « J’avais honte, la seule chose que je voulais, c’était rentrer chez moi, me coucher, parce que la dent de ma fille était tombée et que la petite souris devait passer. »

Martelant avoir été violée et violentée cette nuit-là, Maria Soledad termine l’interview par un message adressé aux autres femmes: « Je veux leur dire de ne pas se taire », dit-elle. « Qu’un ‘non’ est toujours un ‘non’. Moi, j’ai pu le signaler quelques heures plus tard (à la police). Mais nombreuses sont celles qui se taisent et ne portent pas plainte. »

Article original publié sur RMC Sport

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Par Joseph GARCIA

Responsable édition

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