Accusés de viol, Oscar Jegou et Hugo Auradou espèrent un non-lieu de la justice argentine.
Dans l’affaire impliquant les deux joueurs de l’équipe de France de rugby Hugo Auradou et Oscar Jegou, la demande de non-lieu de la part des deux accusés est reportée. En effet, la plaignante ayant porté plainte pour viol en réunion « ne s’est pas présentée » aux examens d’évaluation psychologiques.
Mis en examen par le ministère public de Mendoza (Argentine) pour « viol en réunion », les deux rugbymen français Oscar Jegou et Hugo Auradou comptaient déposer une demande de non-lieu vendredi 23 août. Après avoir été placé en détention provisoire lors de leur arrestation le 8 juillet dernier, puis résidence surveillée, Oscar Jegou et Hugo Auradou avaient été libérés sous caution le 12 août par le procureur en charge de l’enquête, mais ont obligation de rester sur le territoire argentin. Si les deux hommes ont reconnu une relation avec la plaignante, ils réfutent toute accusation de viol et de violences.
Selon l’avocate de la plaignante, sa cliente « ne se sentait en conditions » de passer ces examens, indispensables à la clôture de l’enquête par le ministère public de Mendoza. Les avocats des deux rugbymen comptaient déposer à l’issue des examens une demande de non-lieu. En effet, les éléments dévoilés notamment dans la presse argentine ces dernières semaines ont semblé remettre en cause la version de la plaignante. Le dernier en date, le témoignage de la femme qui a partagé le taxi avec la plaignante et Hugo Auradou. L’un des avocats de l’accusé a en effet déclaré que la témoin aurait vu la victime et le rugbymen « s’embrasser durant tout le trajet, en rigolant et souriant, comme un couple normal. Selon elle, l’intention des deux était claire : avoir une relation sexuelle une fois arrivés à l’hôtel. »
Ce témoignage favorable Hugo Auradou vient appuyer la demande de non-lieu qui devrait être déposée mardi 27 août, dans la foulée des tests psychologiques que doit encore passer la plaignante. Selon leur avocat, l’audience devrait être fixée rapidement et ce dernier espère que ses clients soient libérés à la fin du mois d’août ou au début du mois de septembre.
Des messages audios qui remettent en cause la version de la victime ?
Une instruction menée donc dans un climat tendu. Des pièces cruciales apportés au dossier ont fuité dans la presse. Il s’agit des messages audios de la plaignante à une amie dans les heures ayant suivi le supposé viol. Le journal argentin La Nacion a dévoilé le contenu d’un de ces messages : « Tu ne sais pas à quel point ce Français était mignon, le plus grand, le gamin était terrible. » Le site argentin Clarin dévoile même des messages beaucoup plus explicites de la part de la plaignante : « J’ai rencontré un rugbyman français. Super grand le mec. Trop beau, trop beau. Je suis rentrée chez moi à 9 heures du matin. À 9 heures ! Je te dois tout, tu m’as encouragée à ne pas rester ici chez moi, toujours la même histoire. Quand je sors, j’en profite. Il m’a éclatée, il m’a éclatée. Il m’a explosée le mec. J’ai des marques sur le dos, la mâchoire. »
Rafael Cúneo Libarona, l’avocat des deux joueurs, a affirmé le 6 août que « l’innocence des deux joueurs a été démontrée ». Il a demandé leur remise en liberté et se montre confiant quant à leur rapide retour en France. Il estime qu’il y aurait des « contradictions notoires » dans le témoignage de la femme âgée de 39 ans.
De son côté, Natacha Romano, avocate de la plaignante, fustige une « manipulation » et un « acte prémédité » après la diffusion des messages vocaux dans la presse argentine. « Il y a 23 messages vocaux au total et seulement quatre ou cinq ont été divulgués, dans le désordre en étant totalement sortis de leur contexte », a-t-elle déclaré dans un entretien accordé au Parisien. Elle a par ailleurs affirmé que les joueurs n’avaient « jamais pu répondre s’ils avaient demandé à la victime si elle était d’accord ou non ».
« Des preuves flagrantes » du viol pour la famille de la victime
Dans le même temps, la plaignante reste sur ses positions. « Quand on analyse tout ça en détail, l’unique stratégie des avocats des accusés est de mentir, semer des doutes », a affirmé son frère, interrogé par Le Parisien. Il existe selon lui « des éléments démontrant qu’il y a eu un acte non consenti, un viol, à commencer par la quantité de lésions (quinze) constatées par le médecin légiste le jour du dépôt de plainte. Elle a dit non. Les preuves sont flagrantes. Nous avons peur que la justice ne soit pas rendue, que des pressions politiques influencent le procureur en charge de l’affaire (Darío Nora), qui a pourtant la réputation d’être dur », a-t-il affirmé.
En droit argentin, les violences sexuelles peuvent caractériser des faits allant de l’agression sexuelle au viol aggravé, qui pourraient être passibles de 20 ans de prison.
Des faits qui auraient eu lieu après un match du XV de France
Accusés d’agression sexuelle sur une femme dans la nuit du samedi 6 juillet 2024, à Mendoza, en marge de la tournée sud-américaine du XV de France et après une large victoire contre l’Argentine, Hugo Auradou et Oscar Jégou avaient été arrêtés à Buenos Aires le 8 juillet, d’où l’équipe devait s’envoler pour l’Uruguay en vue d’une nouvelle confrontation.
« Il l’attrape, la jette, commence à la déshabiller et se met à la frapper »
L’avocate de la plaignante a dévoilé dans la presse le récit de sa cliente. Et ce dernier est particulièrement accablant. La victime aurait subi une « violence terrible », selon Natacha Romano, qui s’est exprimée mercredi 10 juillet auprès de l’AFP. « La violence basée sur le genre est extrêmement grave, la dégradation est extrême (…). La violence ici a été terrible », déclare-t-elle.
« Il s’agirait d’un abus sexuel gravement atroce, avec rapport sexuel, avec la participation de deux personnes, avec violence, pour les deux », indique toujours l’avocate. Elle précise le déroulé des faits présumés, indiquant que sa cliente est rentrée à l’hôtel avec l’un des joueurs, « identifié comme Hugo ». « Il l’attrape immédiatement, la jette sur le lit, commence à la déshabiller et se met à la frapper sauvagement d’un coup de poing, dont l’hématome est visible sur le visage de la victime. Il l’étouffe, au point qu’elle a l’impression de se sentir partir », poursuit-elle.
L’avocate affirme qu’Oscar Jegou, arrivé une heure plus tard dans la chambre, a commis « les mêmes actes de violence et d’abus sexuel ». « Ensuite, cet individu part prendre un bain, et Hugo continue à se servir d’elle, en lui donnant différents coups. C’est-à-dire qu’elle [a des traces] de morsures, des griffures, des coups sur les seins, les jambes et les côtes marquées dans le dos », détaille l’avocate, qui affirme également que la victime a tenté de s’échapper « au moins cinq fois », en vain.
Une version contestée
« Des témoins l’ont vue sortir [de l’hôtel], les caméras l’ont vue sortir, il n’y a pas de traces de coups, apparemment, selon les enregistrements. Elle prétend avoir été battue, les caméras disent qu’elle ne l’a pas été », explique pour sa part l’avocat des joueurs. Hugo Auradou et Oscar Jégou affirment que la relation était consentie selon ce dernier.
Selon la procureure générale de Mendoza, Daniela Chaler, « la déposition [de la plaignante] était assez longue, complète, détaillée et correspondait, pour l’heure, aux conclusions médico-légales ». « Les lésions sont compatibles avec le récit de la victime, mais pas nécessairement exclusivement issues d’une agression sexuelle », a-t-elle ajouté.
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