« C’est horrible, horrible. C’est horrible ! Je ne veux pas voir ça ! » Sur le plateau de l’émission Quelle époque ! sur France 2, le 2 mars 2024, Brigitte Fossey détourne le regard devant la scène d’un de ses films, Les Valseuses, dont on rediffuse un extrait. On l’y voit allaitant son nourrisson dans un train désert lorsque les deux voyous, stars du scénario, incarnés par Gérard Dépardieu et Patrick Dewaere, la harcèlent. « Moi, ce que j’aimerais bien, c’est que tu donnes la tétée à mon pote. C’est un grand amateur de lait et, en plus, il est né d’une mère inconnue », moque le premier, 24 ans à l’époque.
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Le célèbre film de Bertrand Blier, sorti au cinéma en 1974, devait souffler ses cinquante bougies, le mercredi 20 mars dernier. Il n’en fut rien, pas un mot ni une fête pour ce long-métrage, celui d’une génération, celle de Mai 68 et ses lendemains, jeunesse enivrée d’un idéalisme et d’une liberté sexuelle sans borne, aucune. « Pornographie », « film d’obsédé »… La critique a beau grincer des dents, le public, lui, s’engouffre en masse dans les salles obscures : 5,7 millions d’entrées. En 1974, la jeunesse est encore impatiente et Bertrand Blier dira, dans un entretien à Transfuge, avoir voulu suivre la mode des films provocateurs « pour donner un tour de vis supplémentaire, choquer encore plus ».
Nouvelle norme
« Jouir sans entraves », ainsi allait le célèbre slogan, l’ère de violences sexuelles et sexistes emballées dans le papier cadeau du libertinage. L’injonction épicurienne d’alors n’avait cure du consentement des femmes et des enfants, mais à l’heure de la révolution #MeToo, la gauche d’aujourd’hui jette un nouveau regard, bien moins enamouré, sur Mai 68 que ses aînés, socialistes, communistes, maoïstes et consorts ont glorifié. Une révolution certes, mais teintée de noirceurs. Exit la société conservatrice d’après-guerre, et bonjour une « liberté sexuelle » dont est exclu le désir féminin. Il était interdit d’interdire, alors dire non, quelle idée. Le cinéma y va sans vergogne, avec Histoire d’O qui met en scène l’esclavage sexuel des femmes. « Mai 68, c’est l’émancipation des femmes et, en même temps, la libération de la sexualité masculine puisque, grâce à la contraception puis à l’avortement, demain n’était plus une inquiétude pour eux. Les femmes ne pouvaient s’approprier le plaisir pour le plaisir, mais les hommes, oui. Une nouvelle norme culturelle remplaçait l’ancienne. Si vous étiez une femme de gauche, il fallait l’accepter. C’était ça, être révolutionnaire », explique la députée écologiste Sandrine Rousseau, qui refuse de glorifier la période soixante-huitarde, « un fantasme de militant, romancé ».
Comme un clin d’œil – malgré elle – à un certain Nicolas Sarkozy… En 2007, en pleine campagne présidentielle lors d’un meeting à Bercy, le candidat de l’UMP s’était insurgé contre le mythe. « Dans cette élection, il s’agit de savoir si l’héritage de Mai 68 doit être perpétué ou s’il doit être liquidé une bonne fois pour toutes », avait-il lancé devant ses partisans, créant un tollé à gauche. « Parler de liquidation de Mai 68, c’est du bolchevisme », s’était insurgé l’eurodéputé Daniel Cohn-Bendit, l’un des visages de l’époque, lui aussi longtemps critiqué pour avoir assumé cette liberté sexuelle soixante-huitarde sans limites. En 1975, le jeune militant chevelu raconte dans Le Grand Bazar son job d’éducateur dans un jardin d’enfants dit « alternatif » en Allemagne, à Francfort. « Il m’était arrivé plusieurs fois que certains gosses ouvrent ma braguette et commencent à me chatouiller. Je réagissais de manière différente selon les circonstances, mais leur désir me posait un problème. Je leur demandais : ‘Pourquoi ne jouez-vous pas ensemble, pourquoi vous m’avez choisi, moi, et pas les autres gosses ?’ Mais s’ils insistaient, je les caressais quand même », écrit-il. Sept ans plus tard, dans l’émission Apostrophes sur Antenne 2, il renchérit : « Quand une petite fille de 5 ans et demi commence à vous déshabiller, c’est fantastique. » L’ex-icône se défendra bien plus tard, affirmant que ce qu’il avait écrit n’avait pas « été fait, c’était une provocation », et dira ses regrets à L’Express en 2001. Huit ans après, en pleine campagne des européennes de 2009, François Bayrou ressortira l’accusation : « Je trouve ignoble, moi, d’avoir poussé et justifié des actes à l’égard des enfants que je ne peux pas accepter. »
Révolution ?
Il arrive encore aujourd’hui que les totems de Mai 68 s’effondrent. Le dernier en date s’appelle Gérard Miller, militant maoïste à l’époque, devenu célèbre psychanalyste, et visé par des dizaines d’accusations de viols et d’agressions sexuelles après des enquêtes du magazine Elle. Devant l’ampleur de l’affaire visant un compagnon de route de La France insoumise, la députée et militante féministe de longue date Clémentine Autain dit ressentir « un sentiment de trahison ». Si elle abhorre les violences sexistes et sexuelles (VSS), celles dites « de gauche » lui sont vertigineuses. « C’est d’autant plus insupportable que le discours que nous portons vise à combattre ces violences et la domination. On se dit que les femmes se sentent plus en confiance avec un homme de gauche, qui se dit féministe et parle la langue féministe. Ça participe de l’abus », explique l’élue de Seine-Saint-Denis qui, elle, ne jette pas l’opprobre sur Mai 68, première étape d’un mouvement de prise de conscience des femmes, de la bagarre qui s’ensuit pour le droit à l’avortement et de la définition sur la reconnaissance du viol à la fin des années 1970.
Une petite brèche surtout d’où émerge le Mouvement de libération des femmes (MLF), où la société redécouvre Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir, pourtant publié en 1949. Souvent, il est reproché au regard critique de la gauche de 2024 sur les errements de l’ère Mai 68 d’être celui d’un retour à la chasteté, là où il n’est qu’une déconstruction du roman national de la gauche. Mai 68, révolte ouvrière, dont la grève à Lip (la manufacture horlogère de Besançon) sera quelques années plus tard l’incarnation, transformée en « révolution sexuelle »; mais une révolution qui jamais ne révolutionne les rapports de dominations entre les hommes et les femmes. Il faudra attendre #MeToo, et depuis lors, les soixante-huitards sont moins paisibles, moins à la fraîche et moins décontractés.
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