Cinq hommes ont été reconnus coupables d’avoir incendié la porte monumentale de l’Hôtel de ville de Bordeaux (Gironde), le 23 mars 2023. Ce lundi 11 mars, le tribunal correctionnel a prononcé des peines allant jusqu’à six ans de prison ferme à l’encontre des prévenus. La porte du porche de la mairie, classée aux monuments historiques, avait été dégradée après une journée de mobilisation contre la réforme des retraites, émaillée de débordements. L’ardoise des dégâts pour la municipalité s’élève à 800 000 €, a indiqué son avocat Me Jean Gonthier, cité par Sud-Ouest .
Une volonté d’« effacer l’Histoire »
Dans ses réquisitions, le procureur Benoît Bernard avait déploré un « acte injustifiable », réalisé « sans plan de bataille mais avec une coordination entre les uns et les autres », relaie l’AFP. Pour lui, dégrader par le feu relève d’une « volonté de détruire de manière irrémédiable. C’est effacer l’Histoire ».
Identifiés par des images de témoins et de surveillance diffusés au procès, tous les prévenus ont admis leur participation à la manifestation sauvage qui a abouti à l’incendie. Ils ont expliqué leur joie et excitation captées par les caméras par « l’effet de groupe » et l’alcool, deux d’entre eux niant avoir attisé le brasier.
« J’ai suivi le mouvement »
« J’étais en plein délire, comme un triomphe devant un château assiégé dans un film », a expliqué un suspect de 38 ans. L’homme, condamné 24 fois dans d’autres affaires, a reconnu avoir alimenté le feu en y jetant une trottinette dotée d’une batterie en lithium et a présenté ses excuses. Un autre a expliqué, selon Sud-Ouest : « J’ai suivi le mouvement, j’ai été dépassé par les événements ».
À la barre, les prévenus, tous sans emploi, se présentant comme gros consommateurs d’alcool et de drogues, déjà condamnés pour violences, vols, ou outrages ont tour à tour qualifié l’incendie de « geste idiot », « dangereux » et qui « n’a aucun sens ».
Un sixième suspect de 17 ans bientôt jugé
Un premier prévenu, se revendiquant « antifa » et déjà condamné pour violences et dégradations durant le mouvement des « gilets jaunes », a été jugé coupable pour « participation » et « destruction ». À la barre, il a déclaré qu’« on n’écoute pas les petites gens et, que ce n’est pas en dansant derrière les camions (comme dans les manifestations légales) qu’on va se faire entendre », rapporte 20 Minutes . L’homme de 41 ans a été condamné à six ans de prison ferme avec maintien en détention, compte tenu de ses antécédents et de la « gravité des faits », a tranché le tribunal. Son avocate a indiqué que le condamné allait faire appel.
Le tribunal a condamné les quatre autres prévenus à des peines allant d’un an avec sursis probatoire à deux ans ferme. Un sixième suspect, âgé de 17 ans au moment des faits, sera également renvoyé au printemps devant le tribunal pour enfants pour « dégradation ».
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