Il a beau porter un prénom de roi franc (choix de ses parents comédiens, Roger Cornillac et Myriam Boyer), Clovis n’a rien de belliqueux. Récompensé par un césar pour Mensonges et trahisons en 2005, il enchaîne depuis plus de quarante ans les beaux rôles, les belles réalisations sans pour autant se mettre en avant. Nous le retrouvons en fin de journée au Théâtre de la Madeleine où, dans la pièce Dans les yeux de Monet, il incarne le peintre impressionniste. Il est en compagnie d’Orson – en hommage à Orson Welles -, son caniche nain aux talents de comédien. « Je lui ai appris à ne pas aboyer pendant les scènes de tournage. » Une rencontre waouf avec un mec simple qui, malgré son rôle dans le film événement Un p’tit truc en plus, préfère se pencher sur ses moins pour toujours donner plus.
LA TRIBUNE DIMANCHE – Vers 55 ans, Monet a ressenti une lassitude de la peinture et se demandait s’il pourrait avoir une seconde chance dans sa vie. Ça vous parle ?
CLOVIS CORNILLAC – Ça fait quarante ans que je fais ce métier et, évidemment, je ne suis plus le même qu’à 14 ans. J’ai traversé beaucoup de choses, souvent des belles, et je me suis toujours senti gâté par la vie. Aujourd’hui, à 56 ans, je ressens une sorte d’apaisement. Je ne suis plus dans ce besoin de me prouver que je suis capable d’explorer tous les rôles. Seuls les projets sont mes leitmotivs. Cet apaisement me donne une liberté folle pour laisser libre cours à la créativité sans plus aucun parasite autour de moi.
Enfant, imaginiez-vous avoir cette vie-là ?
Je pensais plutôt que j’allais mener une vie de saltimbanque, dans une caravane, à faire du théâtre de rue, sans pouvoir toujours manger à ma faim. J’ai eu beaucoup de chance d’être repéré dans la rue à 14 ans pour incarner le rôle principal dans le film Hors-la-loi de Robin Davis. Puis, dans les années 1990, je ne correspondais plus du tout au profil type de l’acteur. Déjà parce que quand t’es un gamin sur lequel on parie, que tu joues dans un film qui fait un four et, qui plus est, a coûté très cher, on te dégage direct ! Pour être repéré par les réalisateurs, il fallait être le mec mystérieux, torturé et plus… chic. Et non un gars comme moi, solide, animal et populaire.
Populaire, c’est un gros mot dans le cinéma ?
Un faux gros mot. J’entends par là qu’un artiste populaire n’est pas nécessairement chic. Il y a des films qui sont chics et formidables, des films chics et nuls. Tout comme des films populaires formidables ou des films nuls. Mathieu Amalric, par exemple, est un acteur et réalisateur formidable, et il est chic. Vous voyez la différence ? Moi, je ne suis pas chic et je ne le serai jamais.
Mais vous ne l’avez jamais cherché !
C’est vrai, ça n’a jamais été une quête. La seule chose qui m’obsède, c’est la reconnaissance de mon travail. Que l’on n’aime pas mon jeu ou ma réalisation, je peux le comprendre – même si, bien sûr, c’est toujours douloureux -, mais que l’on remette en question mon travail, je ne l’accepte pas. Je ne fais jamais rien pour le pognon ou pour que les gens m’aiment.
À l’école, vous étiez bien loin d’être cet acharné de travail…
L’école n’était tout simplement pas mon monde, car j’ai toujours voulu vivre dans celui des adultes. J’enviais le conducteur de bus qui me déposait à l’école et qui, une fois arrivé au terminus, allait boire un café avec ses collègues. C’était un vrai bonhomme ! Mon enfance a été formidable, j’étais super sociable, j’avais plein de potes, mais j’étais juste le gars qui ne voulait pas être là, assis devant un pupitre. Les profs s’en rendaient bien compte, je les considérais même comme des amis.
Ressentez-vous parfois quelques complexes d’avoir quitté l’école à 14 ans ?
Je ne suis pas un puits de culture, mais je ne me sens pas truffe pour autant. J’ai découvert à cet âge une passion pour la littérature, la philosophie, la géopolitique. Le seul domaine dans lequel je me sens totalement à la traîne, c’est celui de l’écriture. Je suis parti de l’école en écrivant phonétiquement et tout attaché. C’est un complexe qui dure encore. Je ne note rien et je retiens tout. Et quand je suis contraint d’écrire, c’est toujours avec des fautes. Je suis le précurseur de toute cette nouvelle génération au niveau d’écriture plus que misérable ! [Rires.]
Votre zézaiement n’a jamais été source de moquerie ?
Jamais ! Je vivais dans des quartiers populaires et mes potes avaient d’autres préoccupations. Je pense aussi que mon caractère super fédérateur m’a aidé à ne jamais être une cible. Pour mon premier film, à 14 ans, je continuais de zozoter et c’était davantage un problème pour les autres que pour moi. « Mais comment vas-tu pouvoir faire carrière ? » Je leur répondais : « Si c’est pour jouer comme vous, je préfère rester tel que je suis, car c’est naze d’être comme vous. »
Parce qu’il ne fallait surtout pas vous retirer votre identité ?
Je ne le revendiquais pas, mais je ne voulais surtout pas que l’on m’emmerde avec ça. C’est lorsqu’on m’a proposé de jouer Britannicus en 1991 que mon orgueil a pris le dessus. Jouer tous les soirs devant 1 200 personnes une pièce de Racine en zozotant aurait été bien ridicule. J’aurais même mérité que l’on se moque de moi. J’étais seul dans ma chambre à apprendre le texte avec une rage en moi difficile à maîtriser.
Vous avez suivi des séances chez l’orthophoniste ?
Pas du tout ; j’ai appelé un super pote, lui aussi comédien. Il ne comprenait pas d’où venait mon problème. « Parce que je suis né comme ça, avec des petites dents et une grosse langue. » Il a passé des journées entières à me faire prononcer les « s », les « ch ». Le déclic est venu du jour au lendemain.
Vous êtes au casting du film Un p’tit truc en plus, aux plus de 10 millions d’entrées. Votre idée du handicap a-t-elle changé ?
Ce film m’a permis de me rendre compte qu’en voulant faire du bien, je pouvais être maladroit. Comme ne pas oser regarder dans les yeux une personne qui bave dans un fauteuil roulant, par peur qu’il pense que je le juge… Mais finalement, cette forme d’ignorance qui se veut sympathique, avec un petit sourire en coin, est d’une violence inouïe pour ces personnes en situation de handicap ! Aujourd’hui, je ne les regarde plus comme s’ils étaient plus fragiles que moi et je n’hésite plus à dire : « Attention, tu baves ! »
C’est comment, le dimanche de Clovis Cornillac ?
J’aime bien ce côté abandon, cinoche, plumard… Le dimanche est le seul jour où je n’ai aucune culpabilité à glander.
Dans les yeux de Monet, au Théâtre de la Madeleine (Paris 8ᵉ) à partir du 12 septembre.
Ses coups de cœur
Amateur du bon, c’est auprès des petits plats « pas forcément gastro » de Jean-François Piège qu’il régale ses papilles, chez Clover Grill ou Mimosa. Et pour accompagner ses bons gueuletons, il ne dit jamais non à l’appel d’un jurançon ou d’un saumur-champigny, deux vins qu’il a « récemment découverts ». Et, cerise sur la lie, écouter les mélodies de Pierre Guénard, leader du groupe Radio Elvis, le met en joie.
Clover Grill : 6, rue Bailleul (Paris 1ᵉʳ).
Mimosa : 2, rue Royale (Paris 8ᵉ).
L’écrit initial est réédité de la manière la plus honnête que possible. Pour toute observation sur ce sujet concernant le sujet « men chastity », veuillez utiliser les coordonnées indiquées sur notre site web. sexymendirectory.net vous a préparé ce post qui débat du sujet « men chastity ». sexymendirectory.net est une plateforme numérique qui globalise diverses infos publiées sur le web dont le sujet de prédilection est « men chastity ». Il y a de prévu plusieurs articles sur le sujet « men chastity » dans quelques jours, nous vous invitons à consulter notre site web aussi souvent que possible.