Coureur, il a brillé sur le Tour, s’offrant même le luxe de battre (au sprint !) un Eddy Merckx au temps de sa splendeur. Quand il raccroche, à seulement 29 ans, son palmarès compte près de cent victoires chez les professionnels. Devenu un directeur sportif à succès, le Morbihannais gagne sept Grandes Boucles, d’abord avec le grimpeur belge Lucien Van Impe en 1976, ensuite avec Bernard Hinault, alias « le Blaireau » (1978, 79, 81 et 82), et enfin avec le regretté Laurent Fignon (1983 et 84). À bientôt 78 ans, « le Druide », surnommé ainsi pour sa science de la course, a mis cet été un terme à sa longue carrière de consultant au caractère entier et à la langue bien pendue (Europe 1 puis RMC et la chaîne L’Équipe).
Alors que le parcours du Tour 2025 sera dévoilé mardi à Paris, Cyrille Guimard raconte au JDD ses souvenirs, analyse les performances du Slovène Tadej Pogacar (auteur d’un fantastique triplé Giro-Tour de France-Championnat du monde) et s’inquiète pour l’avenir du cyclisme français.
Le JDD. Qu’est-ce qu’un bon parcours du Tour de France ?
Cyrille Guimard. Un bon parcours, ça n’existe pas. Ce sont les coureurs qui rendent le Tour intéressant. Si tu proposes un parcours trop dur, les directeurs sportifs diront : « Stop, on met la pédale douce. » Tu ne peux pas demander à des coureurs d’enchaîner trois jours de suite des cols avec de très forts pourcentages. Il y a aussi les conditions météo que tu ne connais pas à l’avance. Au moment de la présentation, tout le monde fera des suppositions et pensera que telle étape sera une étape clé.
« Quand tu n’as pas de prologue, tu as en règle générale un beau Tour de France »
Et puis, le jour de la course, il ne se passera rien. Inversement, sur des étapes qui ne payent pas de mine, ça va attaquer de partout. C’est pour ça qu’un bon parcours n’existe pas. En revanche, quand tu n’as pas de prologue, tu as en règle générale un beau Tour de France. Ça fait cinquante ans que je l’explique : le prologue fige le classement général dès le premier jour, chaque coureur veut défendre son petit bout de gras et la course est bloquée.
Sur la décennie écoulée, quel Tour vous a le plus séduit ?
Le Tour 2020 gagné par Pogacar et perdu par Roglic dans la montée de la Planche des Belles Filles [le jeune Slovène avait détrôné son compatriote lors du contre-la-montre vosgien la veille de l’arrivée à Paris, NDLR]. Ce Tour a été intéressant dès le début. Le deuxième jour, Julian Alaphilippe gagne et va porter le maillot jaune pendant trois jours. Durant les trois semaines, il y a eu sans cesse des renversements de situation, y compris un coup de bordure lors de la septième étape. J’ai presque envie de dire que ce Tour a été « non maîtrisé » par les leaders.
Que pensez-vous de la saison 2024 de Tadej Pogacar ?
Il a été stratosphérique par rapport à la concurrence. Mais si on regarde l’histoire, on se rend compte que les plus grands champions ont fait la même chose. Merckx, Coppi, le Blaireau [Bernard Hinault], etc. Eux aussi ont fait des échappées de quatre-vingts bornes. Sur le Tour 84 [avec l’équipe Renault-Elf], on a quand même gagné la moitié des étapes !
Mais le peloton a beaucoup évolué. Il y a les oreillettes, les GPS, les capteurs de puissance…
Avec les datas, tu maîtrises tout. Moi, je peux te dire au trentième kilomètre que l’échappée sera rejointe à 800 mètres de l’arrivée. Il faudrait supprimer tout ça, mais le mec de l’Union cycliste internationale (UCI) qui va essayer, il faut qu’il ait un sacré courage…
Peut-être l’UCI pourrait-elle a minima supprimer les oreillettes ?
Le coureur est devenu un robot à qui on dit : « Tu mets vingt watts de plus. Attention, ça va tourner à gauche. Il y a une chute derrière. » Ça me dérange qu’on déconnecte le cerveau des coureurs. En plus, les oreillettes sont le premier facteur de chute. Ça, tout le monde le sait, mais on les garde. En fait, on s’en fiche que les coureurs tombent !
« Le système économique français, sur un plan purement sportif, n’est pas adapté »
Êtes-vous fier d’avoir dirigé les deux derniers vainqueurs français de la Grande Boucle, Fignon et Hinault ?
Quand je serai au cimetière, tout le monde s’en fichera (rires). Aujourd’hui, on parle encore du Blaireau, mais malheureusement de moins en moins de Laurent Fignon qui était du même acabit. Merckx, pareil, on en parle parce qu’il est encore vivant. Une fois qu’ils seront morts, on les évoquera une fois par an, comme Coppi et Bartali. L’écrasement du temps est énorme.
À l’époque, auriez-vous imaginé que quarante ans après, aucun Français ne regagnerait le Tour ?
Non. Ou alors, il aurait fallu être médium. Ce que je sais, c’est que depuis des années, on ne peut plus avoir de vainqueur français. Et comme disait récemment Marc Madiot [manager général de l’équipe Groupama-FDJ], le prochain vainqueur français ne sera pas dans une équipe tricolore. Pourquoi ? Parce qu’économiquement, tu ne peux pas jouer avec les grosses écuries.
Quand, chez nous, un coureur coûte 100, à l’étranger il coûte 50, mais il gagne le triple. Le système économique français, sur un plan purement sportif, n’est pas adapté.
Avant votre carrière de directeur sportif à succès, vous avez été un très bon coureur. Vous en parle-t-on encore ?
Pour le grand public, ma carrière de coureur se résume au Mont Revard quand je gagne face à Merckx [étape alpestre du Tour 1972]. Je m’étais pourtant déjà imposé la veille face à lui. C’est con à dire, mais on se rappelle plus du Revard que du fait que j’ai porté le maillot jaune pendant une semaine ! C’était quelque chose que Laurent Fignon ne supportait pas : les mecs se rappelaient des huit secondes [qui lui ont manqué pour gagner la Grande Boucle 1989 face à Greg LeMond] mais pas de ses deux victoires finales sur le Tour de France. Les gens lui disaient : « On était malheureux pour vous. » Il leur répondait : « Vous n’avez pas été heureux quand j’ai gagné deux Tours de France ? » Et on peut rajouter un Tour d’Italie escroqué en 1984 [face à Francesco Moser].
Désormais retraité des médias, vous soutenez la candidature de Teodoro Bartuccio (directeur général du Paris Cycliste Olympique) face au président sortant Michel Callot pour la prochaine élection à la Fédération française de cyclisme, mi-décembre. Pourquoi ?
Je me suis impliqué parce que l’état du cyclisme français me désole. Cela fait vingt ans qu’on le dit et qu’on nous répond : « Vous n’y connaissez rien, c’est nous qui avons le savoir. » Et la dégradation des résultats chez les jeunes ? Les clubs qui ferment ? La perte de licenciés ? On en fait quoi ? C’est monstrueux.
Le Tour côté coulisses
Il y a le peloton, filmé du début à la fin des étapes. Mais sans les directeurs sportifs, les mécaniciens, les journalistes, les organisateurs, les collectivités, les forces de l’ordre, les caravaniers, le public… les coureurs ne seraient rien. Jean-Luc Gatellier, ancienne plume de la rubrique cyclisme de L’Équipe, raconte l’envers du décor dans un ouvrage à ranger dans la catégorie des beaux livres. Les anecdotes sont innombrables et les photos invitent à parcourir les 336 pages.
Dans les coulisses de la Grande Boucle, de Jean-Luc Gatellier, aux éditions Marabout, 336 pages, 49,90 euros. Sortie le 6 novembre.
L’écrit initial est réédité de la manière la plus honnête que possible. Pour toute observation sur ce sujet concernant le sujet « men chastity », veuillez utiliser les coordonnées indiquées sur notre site web. sexymendirectory.net vous a préparé ce post qui débat du sujet « men chastity ». sexymendirectory.net est une plateforme numérique qui globalise diverses infos publiées sur le web dont le sujet de prédilection est « men chastity ». Il y a de prévu plusieurs articles sur le sujet « men chastity » dans quelques jours, nous vous invitons à consulter notre site web aussi souvent que possible.