Gérard Darmon : « Je vous remercie pour cette séance de psy autour d’une bière

Il a longtemps privilégié le second degré pour ne pas se confronter à sa propre réalité, celle d’un fils de Juif oranais aux mille vies : mac, truand, gigolo, résistant, chauffeur de la Wehrmacht. Gérard Darmon a échappé à l’atavisme paternel en se réfugiant dans les textes de Musset, Molière, Hugo ou Lamartine.

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S’il a été le commissaire Bialès dans La Cité de la peur, le fourbe Amonbofis dans Astérix et Obélix – Mission Cléopâtre et Jeff dans Le Cœur des hommes, Gérard Darmon n’est pas toujours celui qui fait des pas de bourrée sur La Carioca avec Alain Chabat. À 76 ans, ce père de quatre enfants semble enfin avoir trouvé la paix intérieure. Il me donne rendez-vous à l’hôtel Kimpton, boulevard des Capucines dans le 2ᵉ arrondissement de Paris, où il a ses habitudes. Commande une pression pour se rafraîchir, me demande mon avis sur son dernier film et me raconte quelques anecdotes savoureuses du tournage avec Didier Bourdon. S’il se revendique aujourd’hui misanthrope et un peu « trop franc du collier » en raison d’« une succession de trahisons », il se montre généreux, voire très agréable pendant notre tête-à-tête. Comme quoi il n’est pas si bougon, Gérard Darmon.

LA TRIBUNE DIMANCHE – Vous avez toujours préféré vivre au second degré. C’est toujours le cas aujourd’hui ?

GERARD DARMON – Il y a encore quelques années, j’avais beaucoup de difficultés à gérer la réalité. Je voulais rester dans une espèce de cocon. Les acteurs renvoient cette image erronée de vivre dans le meilleur des mondes, un monde à la Disney ou tout le monde est heureux. Mais croyez-moi, ce n’est vraiment pas le cas. Et ne me parlez pas de la grande famille du cinéma, elle n’existe pas. Ou alors, je l’ai ratée…

Vous avez traversé une période difficile début 2000. Avez-vous pu compter sur des amis ?

Très peu. Je sortais d’une histoire d’amour difficile et je n’avais plus envie de travailler. Je ne croyais plus en rien. Néanmoins, je continuais à vivre la vie de bohème caviar rue de Verneuil, à côté de chez Gainsbourg. Je n’avais plus de blé, mais j’arrivais toujours à trouver 20 balles pour m’acheter à manger. Mais au bout d’un moment, quand il n’y a plus rien eu dans la caisse, les problèmes se sont enchaînés. Les huissiers ont débarqué chez moi et un pote m’a hébergé

Qu’est-ce qui vous a sauvé de cette période à vide ?

Alain Chabat en 2002, lorsqu’il m’a proposé le rôle d’Amonbofis dans Astérix et Obélix – Mission Cléopâtre. Après le tournage, je suis redevenu un boulimique dans le travail.

Difficile de vous imaginer avec une telle vulnérabilité…

Peut-être que je peux donner cette image de gros dur avec mes prises de position, mes engagements. Mais j’avoue que j’ai été confronté assez souvent à une forme de lâcheté. Et puis parfois, j’ai réussi à la dépasser. Dernièrement, je suis allé en Israël. Pour certains dans la communauté, c’est un acte de courage. Pas pour moi. J’ai juste suivi mon cœur, ma raison. Je l’ai fait en toute conscience et j’en assume les conséquences.

Lesquelles ?

À 15 ans, j’ai connu les cités avec mes parents. Si j’avais eu la condition de ceux qui y vivent et qui, à CV égal, n’étaient pas choisis parce qu’ils s’appelaient Ali ou Mohammed, je serais devenu un voyou. J’aurais vendu de la dope, j’aurais tout cassé. J’ai lutté toute ma vie contre cette discrimination. Alors quand cet Ali ou ce Mohammed se retournent aujourd’hui contre moi, me reprochent d’applaudir des deux mains les génocidaires, ça me met hors de moi. Comme si le rôle d’Israël était de tuer tous les bébés et les mères de Palestine. Ce sont des rageux qui ont la haine du Juif et qui ne veulent pas se l’avouer. L’ignorance est un vrai poison. Les mecs de « La France indigne » l’ont bien compris…

Vous comprenez quand même cette révolte chez certains jeunes des cités ?

Bien sûr. Cependant, j’ai l’impression qu’il y a un certain systématisme. Parce qu’au-delà de leur colère il y a un non-respect et une haine de la France. Pardonnez-moi l’expression, mais j’ai envie de les emmener par charters entiers pour qu’ils comprennent ce qui se passe ailleurs. Restez-y juste une semaine, observez, puis après on peut parler de la chance de vivre en France. C’est aussi une des raisons pour lesquelles je regrette le service militaire. J’aimerais qu’un mec de l’ENA côtoie un cultivateur, un fils d’ouvrier ou de libraire, de toute religion. Qu’ils se redécouvrent et apprennent à vivre ensemble.

Je vous sens déraciné…

Je suis fils d’immigré de première génération. Donc, quand tes potes au collège partent en vacances en Bretagne chez leurs grands-parents, forcément, tu te sens différent. Et puis je suis né un 29 février ! Un jour qui n’existe que tous les quatre ans… Chaque 28 février, je restais devant la pendule jusqu’à minuit en espérant pouvoir fêter mon anniversaire… Donc j’étais un môme, un petit pruneau, comme m’appelaient les profs, qui n’arrivait pas à exister. C’est le théâtre qui m’a sauvé.

Vous avez un avis sur le mouvement MeToo ?

Il est nécessaire. J’avais déjà subi cette vague-là avec le MLF en 1973. Les femmes hurlaient qu’elles voulaient être à l’égal de l’homme, chose complètement impossible, car l’homme ne peut pas être à l’égal de la femme. Tout simplement par ce qu’un homme ne peut pas donner la vie. Vous pouvez relire toutes mes interviews depuis quarante ans : je voue aux femmes une admiration infinie. Elles sont plus courageuses dans la douleur, plus subtiles… Cela étant, ce n’est pas ma faute si les salaires ne sont pas égaux. J’ai pourtant lutté en votant en 1969 avec le PSU de Michel Rocard qui promettait cette égalité. Tout au long de ma vie, je me suis engagé politiquement.

Avec l’âge, votre rapport à la séduction a-t-il évolué ?

Vous faites allusion à la libido ? Avec l’âge, les envies changent. Mais j’ai toujours envie de plaire sans séduire, même si ça devient de plus en plus compliqué ! [Rires.] Ça reste entre vous et moi, mais j’ai toujours été le mec super marrant qui apportait un peu de légèreté en soirée. J’avais beau tomber amoureux d’une fille, c’était toujours mon pote à la belle gueule qui sortait avec elle. [Rires.] Mais je vous remercie pour cette séance de psy autour d’une bière…

C’est comment, le dimanche de Gérard Darmon ?

Au risque de vous surprendre, j’aime bien allumer France 2 pour regarder les émissions religieuses. Elles m’intéressent toutes. Mais je peux aussi faire mon blaireau en zappant sur Turbo.

À l’ancienne, film de Hervé Mimran, avec Gérard Darmon, Didier Bourdon, Chantal Lauby (1 h 30). Sortie mercredi. Deux vieux amis organisent avec la complicité de tous les habitants d’une petite île de Bretagne une grande arnaque au loto pour toucher le gros lot.

Ses coups de cœur

Jules Renard, Saint-Exupéry et Racine sont les auteurs qui l’ont inspiré et emmené vers un ailleurs.

Pour satisfaire ses papilles, il retrouve ses copains au Gallopin* pour parler de tout et de rien : « Surtout de rien. »

Sa playlist s’est arrêtée à l’ère Souchon : « Vianney, Kendji ou Biolay, pas trop pour moi. Sauf Eddy de Pretto. »

Quand il flemmarde sur le canapé, c’est pour regarder Mon petit renne ou Fiasco sur Netflix.

*Le Gallopin, 40, rue Notre-Damedes-Victoires (Paris 2e ).

L’écrit initial est réédité de la manière la plus honnête que possible. Pour toute observation sur ce sujet concernant le sujet « men chastity », veuillez utiliser les coordonnées indiquées sur notre site web. sexymendirectory.net vous a préparé ce post qui débat du sujet « men chastity ». sexymendirectory.net est une plateforme numérique qui globalise diverses infos publiées sur le web dont le sujet de prédilection est « men chastity ». Il y a de prévu plusieurs articles sur le sujet « men chastity » dans quelques jours, nous vous invitons à consulter notre site web aussi souvent que possible.

Par Joseph GARCIA

Responsable édition

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