Laurent Nicollin au JDD : « Un jour, il faudra quitter La Paillade

​Fin de matinée ensoleillée sur Grammont, le quartier général du Montpellier Hérault Sport Club (MHSC). Dans le hall, une photo géante des célébrations du titre de champion de France 2012 avec l’inoubliable fondateur Louis Nicollin, cheveux teints en orange et bleu, hilare.

« Loulou » s’est envolé en 2017 mais son esprit est resté, lui qui était tant attaché aux valeurs de famille et d’amitié. Son fils Laurent a pris la suite, codirigeant avec son grand frère Olivier le groupe de nettoyage qui porte leur nom (7 500 employés) et présidant le MHSC ainsi que Foot Unis, l’organisation qui rassemble les clubs professionnels français.

Malgré un agenda de ministre au cœur d’une saison galère où Montpellier lutte pour se maintenir dans l’élite, ce Sudiste revendiqué a longuement reçu le JDD pour faire le point sur les nombreux dossiers chauds du foot et de son club, condamné à évoluer ou à régresser. Le tout dit avec sincérité, passion, et une émotion certaine.

Le JDD. Comment va le foot professionnel français ?

Laurent Nicollin. Il va mieux. Les budgets sont équilibrés, on attend maintenant avec impatience le verdict de l’appel d’offres des droits télé. J’espère qu’on sera entre 700 et 800 millions d’euros, ce qui serait un beau coup de la part de Vincent Labrune [le président de la Ligue de football professionnel (LFP), NDLR]. Il est en pleines négociations de gré à gré, on croise les doigts pour que nos clubs s’en sortent le mieux possible.

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L’appel d’offres a été lancé il y a cinq mois. Est-ce normal que le dossier n’ait pas encore abouti ?

Je pense que d’ici à fin mars-début avril, on y verra plus clair. J’ai un devoir de réserve mais j’ai quelques échos et je suis optimiste de nature. On attend que tout soit officialisé, validé et mis sous écrit. Quant au fameux milliard d’euros qui était espéré, dans la vie, il faut avoir des objectifs, tracer une route et avancer. On n’a peut-être pas tout paramétré, mais le travail fait par la LFP a été assez exceptionnel. Vincent Labrune a été critiqué par certains de vos confrères et j’espère qu’on pourra dire, quand on aura le chiffre définitif, qu’on est fier d’avoir un président comme lui.

Le contrat avec le fonds d’investissement américain CVC, qui a permis aux clubs de sortir de la crise du Covid et de Mediapro, le groupe espagnol qui avait acheté les droits de la L1 et de la L2 avant de se retirer fin 2020, mais ponctionne désormais 13 % des revenus de la Ligue, a fait couler beaucoup d’encre. Fallait-il le signer ?

Oui. Malheureusement ou non – mais c’est fait. Pendant deux saisons, on a pu compenser les pertes, et certains clubs en ont bénéficié plus que d’autres. À l’époque, j’avais dit : « On a zéro. Si le voisin prend 100 et nous 50, c’est toujours mieux que zéro. » Je le pense toujours. Montpellier a obtenu environ 16 millions d’euros cette année et autant l’année dernière. On a pu équilibrer le budget [50 millions annuels environ, NDLR], éviter de faire faillite et d’injecter trop d’argent ou de vendre des joueurs. Certains pourcentages n’ont pas convenu à certains, mais ces fonds d’investissement, qui engagent plusieurs milliards, veulent aussi récupérer une partie de leur mise. C’est la vie.

« Certains arbitres ne disent même pas bonjour »

Promu en L1 cette saison, Le Havre n’a touché qu’un million et demi d’euros et son président, Jean-Michel Roussier, qui a déploré dans le JDD « être pris pour un con », a porté l’affaire en justice. Comprenez-vous sa colère ?

Une chose est sûre, à l’issue de nombreuses réunions, tout le monde avait validé ce cursus. Les montants étaient définis deux ans à l’avance. À l’époque, Jean-Michel Roussier n’était pas président du Havre mais tous les clubs savaient ce qu’ils allaient toucher. Qu’il se sente floué, je peux le comprendre mais, à un moment donné, il y a un règlement. Si tu n’es pas content, tu sors du Championnat et tu fais autre chose. Aller au tribunal, pourquoi pas. Mais je ne voudrais pas que la justice m’oblige à rendre mes quelque 33 millions d’euros, sinon je mets la clé sous la porte direct, et on sera au moins quatre ou cinq clubs dans ce cas.

L’autre dossier majeur de ces dernières semaines, c’est l’arbitrage. De nombreux présidents, dont le Nantais Waldemar Kita, se sont insurgés contre des décisions contestables. Comment sortirde cette situation ?

Même si la Ligue reverse 17 ou 18 millions d’euros chaque année à l’arbitrage, il reste sous l’autorité de la Fédération. Moi, j’aimerais surtout que les gens soient compétents pendant le match. On peut critiquer un joueur, un entraîneur, un président, parfois à juste titre. Les arbitres ? Il y a une espèce d’omerta, on n’est au courant d’absolument rien. Je comprends qu’il ne faut pas d’interférences ou de favoritisme, mais certains arbitres ne disent même pas bonjour. C’est pourtant la moindre des politesses, non ? Si on pense qu’on va gagner juste parce qu’on a salué un arbitre ou parlé avec lui trois minutes, c’est ridicule. Moi, avant chaque match, je reçois les dirigeants adverses, on mange un morceau, après c’est « bon match, que le meilleur gagne », et puis basta !

Que peut-on améliorer rapidement ?

Nous en avons discuté entre présidents. Ce serait bien que la FFF échange avec trois ou quatre d’entre nous pour voir ce qui peut être fait ou pas suivant les règlements de l’UEFA et de la Fifa. En fait, le problème ce n’est pas l’arbitrage en soi, c’est la VAR [l’assistance vidéo, NDLR]. Elle doit être une aide. J’ai toujours été pour, je trouve qu’elle peut, si elle est bien maîtrisée, effacer pas mal de problèmes. Sur le banc de touche, je dis souvent à mon staff : « Fermez vos gueules, il y a la VAR. » Mais parfois la décision prise… (Il soupire.) On ne sait pas ce qu’ils se disent dans l’oreillette.

Dimanche dernier dans ces colonnes, Luis Fernandez avait émis l’idée de créer des équipes saisonnières d’arbitres qui tourneraient entre terrain, bord de touche et VAR, l’un après l’autre…

Pour moi, le mec de la VAR ne doit faire que la VAR, et l’arbitre de terrain que le terrain. Sinon, un dimanche tu vas déjuger le type, le suivant c’est l’autre qui va se dire « le coup d’après, c’est lui qui va me niquer (sic) ». Je crains que ce système crée de l’autoprotection ou l’excès inverse. Les arbitres arrêtent à 45 ans environ : on pourrait peut-être les orienter vers la VAR, comme les anciens joueurs qui intègrent les clubs. Ils seraient dans un pool, gagneraient tant par mois et ne feraient que ça. Ça améliorerait l’expertise et la rapidité dans la prise de décision. Vous voyez, on n’est pas dans le conflit, on tend la main, on est vraiment prêts à échanger.

Les discussions avec le corps arbitral sont trop rares ?

Mais on ne discute pas du tout… À la fin d’un match, un référent de chaque club et le délégué pourraient faire un point rapide avec l’arbitre une fois que tout est disséqué, apaisé. Il n’y a pas de honte à dire qu’on s’est trompé, ça fait même retomber le soufflé. Le plus insupportable, c’est quand le mec fait une connerie et que, derrière, il te fait comprendre que c’est comme ça et pas autrement…

« Un nouveau stade est vital. On est sur un projet. Le dernier »

Vous dites souvent que si le MHSC veut continuer à vivre et à se développer, cela passera impérativement par un nouveau stade qui deviendrait aussi un lieu de vie, avec des commerces et un musée. Le dossier semble patiner. Est-il toujours aussi urgent ?

Il n’est pas urgent, il est vital. À force de le dire, je pense qu’on sera mort et que le stade ne sera toujours pas construit ! Le site pressenti à Pérols [à 10 kilomètres au Sud-Est de Montpellier, NDLR] ne sera pas retenu. Nous avons fait récemment une réunion avec la mairie et la métropole pour un autre lieu, à Grammont – sur notre centre d’entraînement actuel, en fait. Hors de question, d’autant qu’avec le Scot [schéma de cohérence territoriale, NDLR], notre projet de bureaux, de restaurants, de boutiques y est impossible. Or un stade lambda, ça ne sert à rien, sinon nous l’aurions fait depuis le départ.

Continuez-vous les recherches ?

Je vous donne l’info : on est sur un autre projet, toujours à Pérols, sur un site pas très éloigné du précédent. On n’a pas encore avancé financièrement donc je ne sais pas si ce sera viable. L’idée nous a été soumise par une collectivité. On l’a étudiée avec attention, elle pourrait être un bon recours.

Vous êtes-vous fixé une date butoir ?

Je suis las, l-a-s (il épelle). Je me suis usé la santé, ça a déjà coûté quatre millions d’euros à la holding familiale. On veut bien fournir des efforts mais, personnellement, j’en ai ras la casquette, je sature, d’autant que la situation sportive actuelle ne facilite rien. Oui, c’est compliqué… (très ému). Quand les choses sont comme ça, soit tu abandonnes, mais ce n’est pas trop la mentalité de la famille, soit tu te donnes encore une chance. Peut-être que ce énième projet sera le bon, mais je peux vous dire que ce sera le dernier. Notre va-tout. Nous n’irons pas plus loin.

Si un fonds américain ou des investisseurs du Golfe débarquaient, en disant « nous sommes prêts à mettre tant de millions d’euros sur la table pour reprendre le club », que répondriez-vous ?

Je vais être honnête avec vous : mon frère et moi, nous n’y avons jamais réfléchi, et ce n’est pas du tout notre intention actuellement. Nous aimons notre club et nous allons essayer d’y arriver en étant toujours là. Peut-être, un jour, n’y arriverons-nous plus financièrement. Alors, soit on ouvrira le capital, soit on vendra. Moi, je me sens plus apte à vendre qu’à partager un club que nous avons créé. Nous n’aurons plus la même histoire à raconter. Je ne suis pas dans le « football-fric », ce n’est pas mon truc. Pour le dire autrement, soit on vend, et bonne route aux acheteurs en espérant qu’ils s’occupent le mieux possible du club, soit on mourra de notre belle mort dans notre stade de la Mosson où la pluie tombe même dans les zones abritées…

Est-ce parfois difficile, même si on est viscéralement attaché à un club, d’en supporter toute la charge ?

Il y a des moments de découragement dans ce métier et il est vrai qu’en ce moment c’est dur. Il n’y a pas grand monde dans les tribunes, on se bat un peu contre des moulins à vent, comme Don Quichotte. Après, je ne vais pas pleurer non plus. À nous de nous bouger le c…, d’avoir de meilleurs résultats. Même pour Paris ce dimanche, il y a des gens qui ne veulent pas venir à la Mosson : le parking, c’est compliqué, l’accessibilité aussi, c’est un enfer de venir à La Paillade, etc. Il nous faut un nouvel outil, c’est tout. Les gens l’attendent, ils aiment le club. Quand tu vas à Strasbourg, tu arrives une heure et demie avant le match et presque la moitié du stade est déjà en train de boire un coup, de manger un morceau. Tu te dis : « P…, c’est une autre planète. » Marc Keller [président de Strasbourg, NDLR] m’a donné l’an passé le panier moyen du supporter les jours de match : 8 euros. Nous, c’est 1 euro.

Comment inverser la tendance ?

On invite des gosses, on fait plein de choses, mais on plafonne. La Mosson c’est notre histoire, et La Paillade notre quartier historique. Mais un jour – même si ce sera un crève-cœur – il faudra quitter La Paillade. À Lyon, mon père allait à pied de Saint-Fons à Gerland avec ses amis. Gerland, c’est l’histoire de l’OL et pourtant, ils sont partis. C’est la vie, il faut évoluer. Le nouveau stade, à Lyon, ça booste. Moi, le nôtre me donne plus envie de prendre du Tranxène… À cause de ça, cela fait cinq ans que notre budget baisse par rapport à d’autres clubs. Tu en arrives à te dire que tu ne peux plus rien faire en France. Notre nouveau stade est un projet privé, on met nos sous, on n’y arrive pas et, en plus, on en prend plein la gueule. On marche sur la tête.

Le PSG arrive ce dimanche soir avec un modèle économique aux antipodes du vôtre. Et pourtant, vous entretenez des relations privilégiées avec votre homologue Nasser Al-Khelaïfi…

Nasser est quelqu’un de respectueux que j’apprécie énormément. On s’envoie des messages de temps en temps, un lien s’est créé. Quand il vient à Montpellier, il voit Louis Nicollin ; il avait une affection particulière pour mon père. Finalement, avec notre titre de champion en 2012, nous resterons les premiers à avoir un peu rivalisé avec les Qataris (sourire).

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Par Joseph GARCIA

Responsable édition

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