Michel Blanc, Splendid à jamais

Michel Blanc est le premier à quitter la scène de cette troupe du Splendid qui a révolutionné l’humour à la fin des années 1970. Le premier à avoir joué des personnages de loser dans une France qui célébrait la réussite et la masculinité. Michel Blanc n’était pas un acteur comme les autres. Il était un bout d’humanité à lui tout seul.

Né le 16 avril 1952 à Courbevoie, Michel, Jean, François Blanc était le fils unique et choyé de Marcel, déclarant de douane, et Janine, comptable chez Lacoste. Il grandit dans une famille modeste et aimante, installée dans un appartement de Colombes, avec vue sur le cimetière. « Une bonne manière de me rappeler chaque jour où je finirai, commentera Michel. C’était franchement déprimant. » À rebours de son temps, c’est dans la musique classique que le petit Blanc trouve son jardin secret. La messe est vite dite : il sera concertiste ou ne sera pas.

Une scène des «Bronzés », de Patrice Leconte, adaptés de la pièce «Amours, coquillages et crustacés », créée l’année précédente par la troupe du Splendid. À Assouindé, en Côte d’Ivoire, en mars 1978.

Une scène des «Bronzés », de Patrice Leconte, adaptés de la pièce «Amours, coquillages et crustacés », créée l’année précédente par la troupe du Splendid. À Assouindé, en Côte d’Ivoire, en mars 1978. Bestimage / © Collections

«C’est un homme solitaire, blessé, déconcerté », disait de lui Françoise Sagan, son amie. Il adaptera sa pièce « L’excès contraire » (1987) au théâtre des Bouffes Parisiens.

«C’est un homme solitaire, blessé, déconcerté », disait de lui Françoise Sagan, son amie. Il adaptera sa pièce « L’excès contraire » (1987) au théâtre des Bouffes Parisiens. Bestimage / © Michel MARIZY

Mais pour convaincre Marcel et Janine de le laisser s’adonner à sa passion, autant bien travailler à l’école. Michel est si bon élève que son relevé scolaire lui permet d’intégrer en septembre 1963 les bancs du lycée Pasteur de Neuilly, fréquenté uniquement par des garçons. Dans sa classe de onzième, il rencontre Gérard Jugnot, déjà passionné de cinéma et rarement le dernier pour rigoler. « Ce lycée a été génial à tous les niveaux, nous confiait-il en avril. Nous avons pu faire du théâtre, des ateliers, des sketchs dans l’insouciance et la légèreté de l’époque. »

Je n’étais pas dans les canons de la beauté masculine d’alors. Mais bon je n’ai jamais été malheureux en amour, contrairement à ce que l’on pourrait croire. 

Michel Blanc

C’est là que Michel comprend qu’il peut faire rire ses contemporains en jouant la comédie, malgré un physique… disruptif. « Je n’étais pas dans les canons de la beauté masculine d’alors. Mais bon je n’ai jamais été malheureux en amour, contrairement à ce que l’on pourrait croire. » Le bac en poche, il n’est pas question pour lui d’intégrer l’armée. Alors il enchaîne les petits jobs, vivotant dans ce Paris post-1968, galvanisé par la folie ambiante, même sans un sou en poche.

Une séance photo historique qui immortalise leurs ultimes retrouvailles. Autour de Michel Blanc, de g.à dr: Bruno Moynot, Christian Clavier, Thierry Lhermitte, Gérard Jugnot, Marie-Anne Chazel et Josiane Balasko. À Paris, le 13 avril.

Une séance photo historique qui immortalise leurs ultimes retrouvailles. Autour de Michel Blanc, de g.à dr: Bruno Moynot, Christian Clavier, Thierry Lhermitte, Gérard Jugnot, Marie-Anne Chazel et Josiane Balasko. À Paris, le 13 avril. Paris Match / © Vincent Capman

« Mes camarades du Splendid n’ont jamais eu les mêmes hésitations que moi. Moi j’ai toujours eu le cul entre deux chaises. » Michel finit par abandonner le piano pour se lancer sur scène. Si « Ma tête est malade », sa première pièce coécrite avec le Splendid en 1976, n’est pas un triomphe, il impose son personnage de loser magnifique, contempteur de toutes nos petites faiblesses et mesquineries avec Jean-Claude Dusse qu’il incarne en 1978 dans « Les bronzés ». Et si Dusse devient en quelques mois le nouveau héros du cinéma français, Michel comprend qu’il peut aussi être le fossoyeur de sa carrière naissante. Après avoir hésité, il rempile l’année suivante dans « Les bronzés font du ski ».

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Prix d’interprétation à Cannes

Le planté de bâton de Jean-Claude reste quarante-six ans après sa création l’une des scènes mythiques du cinéma hexagonal. « Michel a très bien vu le danger d’un tel personnage, nous racontait Josiane Balasko en avril. Il a eu envie d’autre chose immédiatement après, parce qu’il ne voulait pas être réduit au mec mal dans sa peau qui galère avec les nanas. » Le salut viendra de Bertrand Blier qui lui offre avec « Tenue de soirée », en 1986, un premier rôle tragique, et un prix d’interprétation à Cannes. « C’était courageux de sa part d’emmener un Bronzé sur la Croisette, révélait-il au printemps. Pour moi ce fut l’ouverture vers le cinéma dont je rêvais. »

Tandem avec Gérard Depardieu dans «Tenue de soirée » (1986)

Tandem avec Gérard Depardieu dans «Tenue de soirée » (1986) Corbis / © Richard Melloul/Sygma

Lauréat du prix d’interprétation masculine à Cannes, en 1986 pour «Tenue de soirée». «Dans mes rêves les plus cinglés, je n’aurais jamais imaginé ça », dira-t-il à Match.

Lauréat du prix d’interprétation masculine à Cannes, en 1986 pour «Tenue de soirée». «Dans mes rêves les plus cinglés, je n’aurais jamais imaginé ça », dira-t-il à Match. BESTIMAGE / © ANGELI-RINDOFF

Michel Blanc va ensuite réussir pendant presque quarante ans la synthèse parfaite entre films d’auteur et projets plus grand public. Aussi à l’aise chez « Les Tuche », qu’il intègre en 2021, que dans la mélancolie émouvante des « Souvenirs » de Jean-Paul Rouve. Mais c’est dans ses propres films – il en a réalisé cinq – qu’il se dévoilait le plus. Dans « Grosse fatigue », en 1994, son sosie digresse sur la mort du cinéma français tout en avouant vouloir toujours faire partie de la bande. « J’ai souhaité être accepté par un autre monde que le mien et j’ai fini par y arriver, assurait-il. C’est ce dont j’avais besoin. »

Oui, Blanc voyait parfois tout en noir et se préférait en clown triste plutôt qu’en comique troupier. Il était celui qui pouvait tourner avec André Téchiné et cartonner en salle avec « Je vous trouve très beau », d’Isabelle Mergault. Celui qui décroche un César pour « L’exercice de l’État » en 2012, mais retourne à la comédie l’année suivante pour Josie qui lui propose « Demi-sœur ». Dans ses deux derniers films, il réussit l’accord parfait, interprétant des mecs un peu largués qui, à leur manière, vont sauver leur petit monde du cataclysme annoncé. « Les petites victoires » comme « Marie-Line et son juge » ont d’ailleurs pu compter sur sa présence pour afficher de beaux scores au box-­office. « Michel, témoignait Gérard Jugnot il y a quelques mois, c’est celui qui a le mieux réussi d’entre nous, puisqu’il a eu un César ! Il a surtout essayé plein de registres sans jamais se perdre et il plaît encore au public. »

Dans «Retenez-moi… ou je fais un malheur! » (1984), de Michel Gérard, il partage l’affiche avec le génie du burlesque Jerry Lewis.

Dans «Retenez-moi… ou je fais un malheur! » (1984), de Michel Gérard, il partage l’affiche avec le génie du burlesque Jerry Lewis. Bestimage / © Michel CROIZARD

Avec Rama, il n’a pas eu d’enfants. «Parce que je suis moi-même resté un grand enfant»

Il aura mis du temps, en revanche, avant de trouver l’âme sœur. Il a vécu une histoire forte avec Lio, rencontrée en 1989 sur le tournage de « Chambre à part ». « Il a été un compagnon attentif, qui aimait faire des surprises, a raconté la chanteuse à RTL. Il était au fond “so British”, passionné par ­l’Angleterre qui le faisait rêver. » Mille fois, Michel a eu envie de quitter Paris pour s’installer à Londres. Mais jamais il n’a sauté le pas, toujours retenu par un projet et une flemme ­légendaire. « C’est le genre d’ami avec qui on passait du temps au téléphone », a rappelé Jean-Paul Rouve sur France 5. Une conversation avec lui durait au moins une heure, surtout s’il n’avait rien à dire. Mais Michel avait toujours quelque chose à raconter. »

La styliste sénégalaise Ramatoulaye Diop était sa compagne depuis une quinzaine d’années. Ici en 2019.

La styliste sénégalaise Ramatoulaye Diop était sa compagne depuis une quinzaine d’années. Ici en 2019. BESTIMAGE / © BALDINI

En 2012, césarisé pour sa performance dans « L’exercice de l’État », l’un de ses films préférés. Avec Mathilde Seigner, qui lui a remis sa statuette.

En 2012, césarisé pour sa performance dans « L’exercice de l’État », l’un de ses films préférés. Avec Mathilde Seigner, qui lui a remis sa statuette. ABACA / © Briquet-Gouhier

À la fin des années 2000, il avait rencontré Ramatoulaye Diop, une jeune entrepreneuse sénégalaise dont il était tombé fou amoureux. Ils vivaient ensemble rue de Turenne, à Paris. « Je n’ai pas voulu avoir d’enfants parce que je suis moi-même resté un grand enfant, expliquait-il. Et quand l’occasion s’est présentée, il était déjà trop tard. » Michel avait ses habitudes, aimant dîner seul à Ma Bourgogne, l’une des bonnes tables de la place des Vosges voisine de son domicile. Quand Rama a ouvert le premier pop-up store de sa marque de vêtements Dokke dans le Marais, en 2019, il était évidemment à ses côtés. « Je ne crois pas que ma vie privée intéresse le grand public, affirmait-il. Il faut que les acteurs aient une part de mystère, qu’on puisse voir chez eux autre chose que ce qu’ils sont. Sinon à quoi bon… »

Timide mais irrésistiblement sarcastique, bon vivant mais se confrontant chaque jour à la mort, Michel Blanc n’était pas totalement en paix avec son passé : au début de l’année 2024, Philippe de Chauveron, le réalisateur de « Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? », lui avait présenté un projet de long-métrage rassemblant les sept membres historiques du Splendid. Pas question de retrouver Popeye, Jean-Claude Dusse ou Gigi. Mais juste de réunir des amis de cinquante ans encore une fois sur grand écran. Michel avait d’abord refusé. Avant de demander à lire une nouvelle version du scénario. Histoire de se laisser convaincre par la douce nostalgie d’une époque dont il est désormais le héros éternel. Sur un malentendu…  

«Embrassez qui vous voudrez…» Entre Michel Blanc et Josie (Josiane Balasko), une amitié indéfectible. C’est elle qui transmettra la triste nouvelle aux autres membres du Splendid. Le 13 avril 2024, lors des retrouvailles de la troupe organisées par Paris Match.

«Embrassez qui vous voudrez…» Entre Michel Blanc et Josie (Josiane Balasko), une amitié indéfectible. C’est elle qui transmettra la triste nouvelle aux autres membres du Splendid. Le 13 avril 2024, lors des retrouvailles de la troupe organisées par Paris Match. Paris Match / © Hélène Pambrun

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Par Joseph GARCIA

Responsable édition

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