Pendant ce temps, à Cannes… Richard Gere mourant, un « Bird » aérien et la belle histoire d’un balayeur devenu cinéaste

L’acteur Richard Gere et l’actrice Alejandra Silva à Cannes, le 18 mai 2024.

L’acteur Richard Gere et l’actrice Alejandra Silva à Cannes, le 18 mai 2024. SAMEER AL-DOUMY / AFP

Récap  CANNES, QUATRIEME JOUR. Après la journée Coppola, Cannes tourne à nouveau à l’heure hollywoodienn. Mais on a tout de même senti quelques effluves de comté français grâce au beau film « Vingt dieux ».

La Croisette a toujours un peu la gueule de bois après l’assommant « Megalopolis » de Coppola. Mais Hollywood n’a pas dit son dernier mot pour cette 77 édition. Les stars américaines continuent de peupler le tapis rouge.

Le retour de Richard Gere

On ne l’avait pas vu à l’écran depuis très longtemps. Il réapparaît méconnaissable. A 74 ans, Richard Gere, éternel Edward de « Pretty Woman », joue un homme malade, en fin de vie dans « Oh, Canada », film crépusculaire de Paul Schrader présenté en compétition à Cannes.

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Se déplaçant en fauteuil roulant, portant une poche urinaire, les yeux mi-clos par la maladie et la douleur, Richard Gere balaye ici le fantasme des années 80, habillé en Armani d « American gigolo » (tourné par le même Schrader). Plus de 40 ans après leur première collaboration, le cinéaste hanté par la rédemption et l’acteur se retrouvent pour ce film en forme de bilan, adapté d’un roman de Russell Banks, décédé l’an dernier. « Oh, Canada », titre d’une chanson de Neil Young, est l’histoire d’un documentariste célèbre, Leonard Fife, qui a fait sa renommée en mettant le doigt sur des scandales et par son engagement politique. Installé au Canada avec sa femme et ancienne élève jouée par Uma Thurman, il décide, se sachant condamné, de lever le voile sur les lâchetés passées et les blessures qu’il a infligées.

Après Coppola jeudi, Richard Gere et Nicolas Cage vendredi, et en attendant Kevin Costner la semaine prochaine, le cinéma hollywoodien des années 80 se porte décidément bien cette année sur la Croisette.

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« Bird » : fais comme l’oiseau

Tout se fait écho durant le Festival de Cannes. Il y a trois jours, George Miller, le réalisateur de « Furiosa » théorisait le pouvoir de l’anthropomorphisme dans notre rapport aux histoires : « Pourquoi croyez-vous que les fables ont pour héros des animaux depuis la nuit des temps ? ». Et voici que déboule le plus émouvant et réussi des films en compétition vus jusqu’ici : « Bird ». Pas celui de Clint Eastwood, qui valut un prix d’interprétation à Forest Whitaker en 1988. Ni « Birdy » d’Alan Parker, Grand Prix du Jury en 1985 (quoiqu’on n’est pas si loin, on y revient). Cet oiseau-là est signé Andrea Arnold, en plein trip animalier depuis « Cow », son saisissant documentaire antispéciste sur la vie d’une vache, présenté en Séance Spéciale il y a trois ans. Avec « Bird », la réalisatrice britannique de « Fish Tank » et « American Honey » revient sur son terrain de prédilection : le récit d’émancipation d’une adolescente livrée à elle-même.

De gauche à droite Jason Buda, Nykiya Adams, Andrea Arnold, Franz Rogowski et Barry Keoghan, lors du photocall du film « Bird »

De gauche à droite Jason Buda, Nykiya Adams, Andrea Arnold, Franz Rogowski et Barry Keoghan, lors du photocall du film « Bird » LOIC VENANCE / AFP

Douze ans, l’air d’en avoir seize, la forte tête Bailey (Nykiya Adams, diamant brut) vit dans un squat avec son frère de 17 ans et leur père à peine plus âgé (génial Barry Keoghan, vu dans « Saltburn » et « les Banshees d’Inisherin »). Un peu plus loin, végètent dans une coloc insalubre les trois petits frères et sœurs et la mère de Bailey dont le nouveau mec est une raclure au coup de poing facile. Violence domestique, pauvreté endémique, débrouille quotidienne : décor et codes rabâchés du cinéma social anglais qu’Arnold, comme à son habitude, troue d’une poésie bien à elle calquée sur les aspirations et l’imaginaire de sa protagoniste. A savoir la fascination de Bailey pour les oiseaux qui survolent ce bidonville du Kent et ses fantasmes d’envol loin du no-future qui l’attend. Ce pourrait être cliché, c’est si assumé, porté par la grâce de la mise en scène et des acteurs, qu’on décolle d’emblée pour ne plus cesser de planer et vibrer avec Bailey. Qu’elle rembarre son paternel aussi aimant que bourrin qui, pour financer son nouveau mariage, s’est trouvé un improbable gagne-pain : un crapaud dont il cherche à récolter et revendre la bave aux vertus hallucinogènes en lui faisant écouter de la BritPop ! Qu’elle cherche à rejoindre la bande de son grand-frère qui s’est assignée pour mission de faire justice dans le quartier en corrigeant les parents maltraitants. Ou qu’elle s’attache à un vagabond littéralement perché, surnommé Bird (Franz Rogowski, en apesanteur dans un rôle ô combien casse-gueule). Arnold use et abuse des plans d’oiseaux à teneur symbolique, flirte avec le kitsch naïf dans une scène croisant « Birdy » (le revoilà) et « le Règne animal » mais retombe toujours sur ses pattes par le décalage de son regard ou un détail du finesse bouleversante.

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Dans ce film aérien sur une réalité plombante (la reproduction sociale des parents précoces et des poulbots mal aimés) à la bande-son inspirée (« The Universal » de Blur, tube revival du festival ?), les animaux sont partout (un cheval dans un pré, un renard à un mariage, des tatouages d’insectes, des motifs léopard…), les instincts, bestiaux mais c’est l’humanité qui déborde. N.S

« Vingt Dieux » : fromage de raison

La réalisatrice de « Vingt Dieux » Louise Courvoisier

La réalisatrice de « Vingt Dieux » Louise Courvoisier CHRISTOPHE SIMON / AFP

Très bel accueil en section « Un Certain Regard » pour le premier long métrage de Louise Courvoisier « Vingt Dieux ». Situé dans le Jura, le film suit les pas de Totone, grand ébouriffé de 18 ans, encore pétri d’enfance, qui passe son temps à boire des bières et rigoler avec ses copains. L’accident de son père va l’obliger à prendre soin de sa petite sœur de sept ans et, petit à petit, à grandir… Chronique d’initiation qui sonne comme une tranche de vie, plongée dans une nature et une lumière accueillantes, apaisantes, le film fourmille de détails justes, d’accents chantants, de scènes de danse et de baston. Et aussi d’une partie quasi documentaire sur l’affinage du comté qui vous tient en haleine. Des jeunes gens de la région natale de la réalisatrice, non comédiens de profession, endossent leurs personnages avec une simplicité communicative. Dans le rôle de Totone, drôle et blessé, frondeur et bon gars, Clément Favreau est superbe. (sortie en salle prévue le 11 décembre) I.D

La folle histoire de David Hertzog Dessites

C’est certainement LA belle histoire de la 77e édition du festival de Cannes. Celle d’un homme qui, à 20 ans, balayait les marches du palais et qui, aujourd’hui, les monte pour présenter le documentaire qu’il a réalisé, « Il était une fois Michel Legrand ». Cette histoire, c’est celle de David Hertzog Dessites, 51 ans. Enfant, sa mère l’accompagnait voir sur le tapis rouge les stars d’Hollywood, comme Kirk Douglas ou Robert Mitchum. Sa vie bascule quand, à 20 ans, sa mère, employée municipale cannoise, décède à 48 ans. La municipalité propose alors au jeune homme, se retrouvant seul, un emploi de balayeur. Qui fait donc parfois la tranche 3-8 h du matin sur le tapis rouge et aux abords. Sa sélection lui a d’ailleurs fait rejaillir ce souvenir : « Un matin vers 4h00, dans ma tenue de balayeur, il n’y avait pas de gardien à l’époque sur les marches, je me suis allongé sur le tapis rouge en me disant “je reviendrai ici avec mon film” ».

La disparition de sa mère est un « véritable booster », David Hertzog Dessites transformant « cette peine en énergie positive ». En autodidacte, il achète une première caméra. « J’enviais des copains en école de cinéma, et eux m’enviaient en m’assurant que mon point de vue n’était pas conditionné ».

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Quant au documentaire sur Michel Legrand, c’est encore une belle histoire. « Sa musique a bercé la grossesse de ma maman, mes parents se sont rencontrés en allant voir “L’affaire Thomas Crown” et avaient acheté le 45 tours de la musique composée par Michel ». David Hertzog Dessites rencontre ce « génie » en 2017 quand le pianiste donne un concert dans le cadre du Festival de Cannes. Assis au pied du piano – « comme un gamin devant le sapin de Noël »– pendant le récital, le réalisateur lui adresse la parole à la fin : « si j’existe, c’est un peu grâce à vous ». « C’est formidable cette histoire, j’adore », lui rétorque Michel Legrand.

Qui se laisse convaincre pour un documentaire et lui donne carte blanche. « Il m’a dit qu’il ne contrôlerait rien, sachant son exigence et le personnage complexe que c’était, c’est le plus beau cadeau qu’il pouvait me faire », souffle David Hertzog Dessites.

« Il était une fois Michel Legrand » couvre les deux dernières années de la vie du musicien et revient sur la carrière du compositeur des « Parapluies de Cherbourg », disparu en 2019 à 86 ans.

Justice (un peu trop) pour tous !

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C’était l’évènement de la nuit du 16 au 17 mai. Justice, superstar duo de musique électronique, signait sa première date française après la sortie d’« Hyperdrama », quatrième chapitre studio publié fin avril et deux dates à Coachella. Évidemment, il y avait foule sur la Croisette pour tenter d’apercevoir les Français Gaspard Augé et de Xavier de Rosnay. Ou espérer entrer sur la Plage Magnum, à la file d’attente interminable. Beaucoup sont restés sur le carreau. Mais n’est-ce finalement pas plus mal ? Après avoir lancé une intro symphonique via l’opus 30 d’« Ainsi parlait Zarathoustra » de Richard Strauss, devenue générique d’ouverture du film « 2001, l’Odyssée de l’espace » de Stanley Kubrick, la fête s’est rapidement gâtée. Justice a enchaîné un DJ set guimauve et ronflant de classiques disco ou hip-hop réchauffés, écoutés déjà une bonne dizaine de fois dans toutes les soirées de la Croisette depuis le lancement de l’édition 2024. Il aura fallu plus d’une heure d’attente de ce mix mainstream, tannant et sans prise de risque, pour déceler un soupçon de bon goût avec un remix sombre de leur hit « We Are Your Friends ». Beaucoup d’invités, comme nous, ont préféré partir avant la fin de cette mascarade. Heureusement que, plus tôt, la popstar Mika et la dragqueen Nicky Doll n’avaient fait, eux, aucune fausse note. J.B

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Par Joseph GARCIA

Responsable édition

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