La séductrice, semblable en cela à son homologue masculin, est une espèce aussi diversifiée que polymorphe. Parfois vamp et très directe, tantôt coureuse de fond (guettant sa proie dans l’ombre pour mieux la plaquer contre un mur au moment opportun), elle est capable de jouer l’acharnement comme la montre, et même de feindre l’indifférence pour mieux parvenir à ses fins.
Nous en connaissons toutes au moins une qui, à l’usure, a réussi à se faire épouser par ce type qui d’abord ne voulait pas d’elle… et désormais la regarde d’un air éperdu. Ou à passer la nuit avec le beau gosse sur lequel toutes les filles flashaient, sans être forcément plus jolie que les autres. Car la séductrice n’est pas forcément séduisante, et c’est ce qui fait son charme.
Sous sa couverture de femme « ordinaire », elle sommeille en fait en chacune de nous. Il suffit parfois qu’on croise « l’homme de notre vie », « le plus beau mec de la soirée » ou « le seul qui nous résiste » pour se métamorphoser en stratège de la séduction.
Cette mutation en lionne (ou en araignée tissant sa toile, pour les plus patientes) est intéressante à plus d’un titre. En séduisant, la femme brise en effet pas mal de clichés : elle cesse d’être celle qui se laisse gentiment conter fleurette pour devenir actrice de son désir. Elle choisit avant que d’être choisie, et mobilise dans sa conquête des ressources aussi diversifiées que le désir, la ruse, l’orgueil, la patience ou le mensonge.
Reste à savoir pourquoi (et, surtout, comment) on devient un jour séductrice. Réponses avec trois femmes qui ont accepté de nous raconter leurs plus belles chasses à l’homme. Et l’éclairage de la « love coach », Bénédicte Ann*.
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« Quand je le sentais s’éloigner, je lui parlais de mon mec »
Le témoignage d’Aude, 42 ans
J’ai rencontré Henry à 30 ans, lors d’une soirée. Coup de foudre immédiat. Première nuit chez moi, puis week-end sous la couette. Puis tous les soirs de la semaine… Mais je suis plutôt méfiante, et j’avais eu quelques histoires compliquées. Lorsqu’il m’a dit qu’il n’avait jamais été aussi heureux de sa vie, j’ai ressenti le besoin de me protéger : je lui riais au nez chaque fois qu’il devenait un peu lyrique. En même temps, je sentais que ma « résistance » ne lui déplaisait pas. Le mois s’est terminé, et j’étais sur le point de baisser la garde lorsqu’Henry m’a annoncé… qu’il était marié et avait une fille de 8 ans.
J’aurais sans doute dû m’en douter, mais j’ai pris ça comme une claque. Il m’a affirmé qu’il voulait en parler à sa femme. Mais j’avais déjà vécu ce genre d’idylle interminable avec un homme marié. Et c’est sorti tout seul : je lui ai dit que moi aussi j’avais quelqu’un. Je crois que j’ai dit ça pour me venger et ne pas avoir l’air stupide, mais j’ai réussi mon effet : Henry était effondré. Quand il m’a demandé qui c’était, je lui ai parlé d’un mec qui me tournait autour depuis quelques mois. Une semaine plus tard, n’ayant pas de nouvelles d’Henry, j’ai commencé à sortir « pour de vrai » avec ce type. Un peu pour faire « payer » Henry, un peu parce que ce garçon ne me déplaisait pas, un peu, aussi, pour coller à l’histoire que j’avais inventée.
Et puis Henry m’a rappelée, on s’est revus, et c’était toujours aussi magique. La fois d’après, j’ai refusé de le voir, prétextant un dîner avec mon mec chez des amis. En fait, je me morfondais seule chez moi. Ça a continué comme ça pendant sept mois : dès qu’on se voyait on était fous de joie… mais je refusais les rendez-vous une fois sur deux.
Ce n’était pas totalement conscient de ma part, mais je me suis servie de ce garçon pour instaurer un rapport d’égalité entre Henry et moi. Je souffrais car j’étais amoureuse, mais je ne montrais rien : quand je le sentais s’éloigner, je prenais les devants en lui disant que mon mec commençait à se douter de quelque chose et qu’on allait devoir arrêter. Cette guerre des nerfs a porté ses fruits : un soir, Henry m’a annoncé qu’il quittait sa femme et m’a demandé d’en faire autant. J’ai attendu qu’il ait déménagé avant de quitter mon « amoureux ». C’était il y a quinze ans.
Henry et moi ne nous sommes plus quittés depuis, sans jamais être infidèles (enfin, je crois). Mais je ne lui ai jamais avoué que je n’étais pas vraiment « prise » lorsqu’il m’a rencontrée.
- Le décryptage de la spécialiste
Le coup de la “citadelle imprenable” fonctionne dans 90 % des cas
Ce qui est troublant dans le cas d’Aude, c’est qu’elle conquiert son homme en s’en protégeant. Par peur de souffrir, elle commence par lui taire son amour, alors que lui s’enflamme pour elle. C’est le « coup de la dragée haute », qui marche dans 90 % des cas, car les hommes adorent jouer les conquérants (à l’assaut de la citadelle imprenable). Là ça fonctionne à fond, car Henry est visiblement un chasseur. Dans un deuxième temps, Aude va inviter un tiers dans la relation amoureuse. Cette stratégie est plus risquée. Comme Henry est visiblement un compétiteur né, ça marche. Mais ça peut faire fuir ceux que la compétition effraye.
« C’est moi qui lui disais que je le trouvais beau »
Le témoignage de Caroline, 35 ans
Je ne m’étais jamais intéressée à Guillaume avant ce soir-là : c’était une vague relation professionnelle, un type sympa qui ne me faisait ni chaud ni froid. Je le trouvais attachant, assez mignon mais sans plus. Et puis il y a eu ce 31 décembre. Je n’avais aucune envie de passer la nuit seule. On était à la même fête, alors je me suis dit : pourquoi pas lui ? Comme je le savais timide (limite vieux garçon), je lui ai fait le grand jeu : regard à la Liz Taylor, bretelles qui tombent par mégarde, sourire admiratif et danse de plus en plus rapprochée. Au bout de deux heures de ce jeu-là, il restait de marbre : prévenant, poli, mais visiblement pas intéressé. De dépit, je suis partie avec l’un de ses copains, tout en étant persuadée que Guillaume m’appréciait mais qu’il était trop coincé pour se lancer.
Forte de cette conviction inébranlable (et pourtant fondée sur rien de concret), j’ai recommencé à le draguer : de nouveau le grand jeu, lors d’une autre soirée arrosée, à l’issue de laquelle je parviens à lui prendre la main et à le traîner jusque devant chez moi. Alors que je pensais avoir réussi à l’emballer, il se défile une nouvelle fois : « C’est pas du tout mon quartier, ça. Il faut que je rentre. A bientôt. »
Mes copines étaient mortes de rire : je n’avais visiblement aucune chance avec ce type. Mais moi, je n’en démordais pas, d’autant que Guillaume commençait réellement à me plaire : j’aimais sa bouille de gosse, son ingénuité. Et puis je lui faisais confiance. Je n’avais pas une haute estime des hommes, à l’époque, et le simple fait qu’il refuse de me sauter dessus, alors que je faisais tout pour, le rendait unique à mes yeux : je me disais que c’était un mec sérieux, qui ne s’engageait pas à la légère.
Trois mois plus tard, Guillaume organise une soirée chez lui, et là je ne lui laisse pas le choix : je lui roule un gros patin et l’entraîne dans sa chambre avant qu’il n’ait eu le temps de dire ouf. On passe la nuit ensemble, plutôt une belle nuit pour un timide. Mais il se révèle, au matin, toujours aussi fuyant. Trois semaines passent avant qu’il accepte un rendez-vous, auquel il arrive avec deux heures de retard. Pour me faire patienter, il m’envoie le copain avec lequel j’avais passé la nuit du jour de l’an. Comme pour mieux me signifier que je ne l’intéresse pas. Mais je m’en moque.
Ce petit jeu-là a duré un an : à chaque fois qu’on se voyait, il fallait tout recommencer. En inversant les rôles traditionnels : c’est moi qui envoyais des déclarations par mail, qui lui disais que je le trouvais beau. Lui se laissait gentiment faire, et encore. Pourtant je ne doutais pas : j’étais sûre qu’au fond de lui il m’aimait, qu’il était juste un peu coincé du cœur.
Au bout d’un an, j’ai réussi à obtenir qu’on passe notre premier week-end ensemble. Tout s’est déroulé à merveille, jusqu’à notre retour à Paris, lorsque je lui ai demandé si on allait chez moi ou chez lui… et qu’il m’a répondu qu’il était fatigué et qu’il allait donc rentrer. Là j’ai craqué, je l’ai quitté. Ça paraît absurde de quitter quelqu’un avec qui on ne sort pas vraiment, mais c’est grâce à ça que notre histoire « commune » a enfin commencé. Guillaume m’a rappelée quelques jours plus tard et m’a annoncé qu’il tenait à moi. Dans la foulée, je me suis installée chez lui : j’étais la première fille à envahir son univers de « vieux garçon » de 40 ans.
Cinq ans après, nous sommes toujours ensemble et avons une fille de 3 ans. Un jour que je tentais de lui faire dire qu’il avait toujours été amoureux de moi, il m’a assuré que non, qu’au début je ne lui plaisais vraiment pas. Je l’ai donc bel et bien eu à l’usure. Mais personne ne s’en plaint aujourd’hui.
- Le décryptage de la spécialiste
La stratégie de l’ultimatum est assez risquée
Caroline, c’est l’anti-Aude : elle est à fond dans l’offensive. Sa principale force c’est d’y croire, même en dépit du bon sens. Elle agit en vrai séductrice : s’installe dans la vie de sa proie et l’alimente au quotidien, sur un mode narcissique. Même si Guillaume n’est pas intéressé au départ, il apprécie d’être trouvé beau, intelligent… et de se l’entendre dire tous les jours. Lorsque Caroline menace de partir, il se retrouve en état de manque (narcissique, mais manque quand même), et c’est là que l’histoire bascule. La stratégie de l’ultimatum – « Si notre histoire n’évolue pas, je te quitte » – est pourtant risquée : celui qui émet la menace doit être disposé à aller jusqu’au bout, car il risque, sinon, de perdre toute crédibilité. Dans le cas présent, Caroline, excédée, était vraiment prête à quitter Guillaume, et lui, en sevrage narcissique, parfaitement mûr pour être cueilli.
« J’ai tendance à m’adapter à ce qui le fait rêver »
Le témoignage de Claudia, 28 ans
Mes amies disent de moi que je suis une séductrice, mais j’ai juste l’impression d’être une femme qui ne laisse pas passer un homme quand il lui plaît. Même s’il y a des trucs qui marchent avec tous, j’ai tendance à m’adapter à ce qui fait rêver celui que j’ai en face de moi. C’est comme ça que j’ai connu mon ex-mari, un Français en vacances à Cuba, dont je suis originaire. Lui m’a tout de suite plu, mais il était hors de question que je cède à ses avances : il m’aurait alors prise pour “la Cubaine qui cherche à se caser avec un touriste”.
Parce que c’est ce qu’il attendait (au fond de lui), je me suis refusée à Thierry jusqu’au dernier soir. Résultat : il m’a suffi d’une nuit pour obtenir ce que je voulais, puisqu’il m’a invitée à Paris quinze jours après son retour en France et que nous avons ensuite vécu cinq ans ensemble. Je sais que les hommes aiment bien qu’on se refuse à eux : il est très rare que je couche le premier soir, et je suis même capable de faire monter la pression pendant des semaines avant de passer à l’acte (tout en leur envoyant des SMS coquins, en leur disant que j’ai très envie d’eux).
Autre truc : lorsqu’un homme me plaît, je m’arrange pour qu’il ne voie que moi. J’ai ainsi passé deux mois à hanter l’ascenseur de mon lieu de travail (à raison d’une dizaine de fausses pauses café par jour) pour qu’un collègue n’ait d’autre choix que de me croiser.
L’an dernier, j’ai aussi fait toutes les manifs contre la réforme des retraites afin de séduire un syndicaliste qui m’avait tapé dans l’œil… alors que je n’ai vraiment pas une âme de militante.
Quand je me fais voir, je n’y vais pas de main morte : je ne sors jamais sans être coiffée, maquillée, pomponnée… bref, extrêmement féminine. En fait, je joue sur les deux tableaux, moitié vamp, moitié bonne sœur. Je finis évidemment par faire l’amour avec mes conquêtes, et là, je leur fais le grand jeu : je les laisse croire qu’ils m’ont tout appris, et j’en rajoute une couche en leur confiant que je n’avais jamais ressenti cela avant. Je vous assure que tous les hommes y croient. Jusqu’à présent, c’est comme ça que j’ai fonctionné : en flattant l’ego de ces messieurs, je suis toujours parvenue à mes fins.
- Le décryptage de la spécialiste
A force de faire le caméléon, on peut aussi se perdre
Claudia utilise une stratégie qui a fait ses preuves : elle sait « flatter l’ego de ces messieurs ». Mais le fait de se refuser sexuellement est à double tranchant : ça fonctionne sur pas mal d’hommes, mais ça peut en faire fuir certains. Plus qu’un moyen de séduire, c’est une façon de tester la motivation de celui qu’on a en face. Le témoignage de Claudia soulève, en fait, une interrogation fondamentale : à force de faire le caméléon dans l’espoir de plaire, n’est-elle pas en train de se perdre ? Endosser, en phase de séduction, un rôle trop éloigné de sa propre personnalité peut mener à l’impasse. Le risque est de plaire à des hommes qui ne nous conviennent pas.
(*) Auteure de « Le prochain, c’est le bon ! » (éd. Albin Michel) et créatrice des Cafés
de l’amour (www.cafedelamour.fr), où on se réunit autour d’intervenants pour apprendre à mieux s’aimer les uns les autres.
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