Troupe du Splendid : les retrouvailles exceptionnelles, 50 ans après

En temps normal, arrêter la circulation à Paris pour une séance photo provoque un concert de Klaxon et d’énervements. Surtout quand les autorisations nécessaires n’ont pas été demandées et que, sur un coup de tête, les sept comédiens du Splendid décident de sortir de leur théâtre pour rejouer l’image historique réalisée pour son inauguration, en 1981… Mais ce samedi 13 avril, aucun drame à l’horizon. Quand Bruno Moynot, Christian Clavier, Gérard Jugnot, Marie-Anne Chazel, Thierry Lhermitte, Josiane Balasko et Michel Blanc traversent la rue du Faubourg-Saint-­Martin, le chauffeur du bus 38 écarquille les yeux, laissant les sept hurluberlus prendre la pose. Une minute hors du temps, sous le regard de passants qui attrapent leurs téléphones pour ­immortaliser l’impossible. Depuis quand Le Splendid ne s’était-il pas retrouvé au complet ? « C’est simple, annonce Josiane Balasko, on ne s’est pas vus tous ensemble depuis notre César d’honneur, remis en 2021. Une cérémonie étrange en plein Covid alors qu’une comédienne portait des Tampax sur les oreilles. Cela dit… on avait bien rigolé. »

Il y a cinquante ans, Le Splendid naissait sur les bancs du lycée Pasteur à Neuilly-sur-Seine. Jugnot – copain de Clavier, lui-même complice de Lhermitte – se retrouve en terminale avec Michel Blanc. « Notre bureau était collé à celui du prof, se souvient celui-ci. Du coup, on pouvait se foutre de lui sans qu’il nous repère. Jusqu’au jour où on s’est fait piquer. Et il a eu cette phrase devenue mythique : “Blanc et Jugnot, plus jamais ensemble !” »

Ils incarnent des méchants sympathiques, des paumés qui se débattent dans un monde qui évolue très vite

Après les cours, les garçons se retrouvent chez leur professeur d’art dramatique, Tsilla Chelton, la future Tatie Danielle. « Elle nous a tout appris, estime Thierry Lhermitte. Encore aujourd’hui quand je travaille un texte, je pense à elle, et je suis sûr que c’est la même chose pour mes ­compères : on se concentre sur le sens de ce que l’on raconte et on ­n’oublie pas de faire ­sonner les consonnes. » Rien n’a pu ­briser une amitié née sous Giscard, qui connaît ses plus belles heures sous Mitterrand, et qui continue, quatre présidents plus tard, de faire rire des générations de Français.

L’humoriste Jérôme Commandeur décrypte cette relation entre le public et Le Splendid avec malice. « Certes, il y a eu les deux “Bronzés”, mais dans toute la décennie qui a suivi, qu’ils soient ensemble ou séparés, ils ont fait des films qui ont marqué profondément l’époque. Les personnages qu’ils incarnent ne sont pas que des beaufs, non, ce sont des méchants sympathiques, des paumés qui se débattent dans un monde qui évolue très vite. Ils pratiquent l’humour des bas instincts, ne jouent pas sur la beauté des uns et des autres, au contraire, ils se montrent moches, s’habillent mal et ça, personne ne le faisait avant eux au cinéma. »

Qui osera encore prétendre que ces comiques ne peuvent pas se voir en peinture ? Sur la scène du Splendid. Bruno Moynot, qui gère le théâtre, a trouvé l’extincteur pour faire redescendre la température.

Qui osera encore prétendre que ces comiques ne peuvent pas se voir en peinture ? Sur la scène du Splendid. Bruno Moynot, qui gère le théâtre, a trouvé l’extincteur pour faire redescendre la température. Paris Match / © Vincent Capman

Le GO qui demandait aux filles de se peser pour pouvoir dire à la fin de la saison avec combien de kilos de nanas il avait couché, c’était vrai

Gérard Jugnot

Interrogés, un à un, sur la patte Splendid, tous bottent plus ou moins en touche. « Moi, je trouvais souvent les titres », se souvient Josiane Balasko, qui intègre la troupe lorsque Valérie Mairesse la quitte, en 1977. Cette dernière, qui se sépare de Thierry Lhermitte, n’a plus sa place dans la pièce qu’ils sont en train de créer, « Le pot de terre contre le pot de vin ». Alors Josy est appelée à la rescousse. « Mais qu’est-ce que c’était mauvais, plaisante-t-elle. En vérité, quand je les ai rejoints, ils étaient surtout occupés à faire les travaux de leur théâtre, donc la pièce était passée au second plan. Au début, c’était vraiment nul, mais petit à petit on en a fait quelque chose de passable. » Josiane amène son mec d’alors, Bruno Moynot, qui devient l’homme à tout faire, régisseur un jour, ouvreur un autre, avant de passer une tête sur scène, et d’y trouver sa place. « Je suis encore là », sourit le moins connu de la bande, celui qui veille chaque jour sur le théâtre, en inamovible gardien du temple.

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À l’été 1977, Lydie Trigano, fille du fondateur du Club Med, Gilbert Trigano, propose aux jeunes comédiens de venir jouer quelques sketchs à Izmir, en échange d’une semaine de vacances à l’œil. « Personne n’avait les moyens de se payer ce genre de séjour, se défend Gérard Jugnot. Donc on y est allés et on a vu ce qu’il s’y passait. » « Soyons honnêtes, reprend Christian Clavier, le Club Med d’alors était un club de rencontres, même si ce n’était pas dit. Nous n’avons eu qu’à observer, écouter les uns et les autres pour écrire notre pièce suivante, “Amours, coquillages et crustacés”. Le GO qui demandait aux filles de se peser pour pouvoir dire à la fin de la saison avec combien de kilos de nanas il avait couché, c’était vrai, reprend Jugnot, on ne l’a pas inventée celle-là. » « On était en pleine libération sexuelle, rappelle Thierry Lhermitte, ça ne nous déplaisait absolument pas, il faut bien le dire. »

L'equipe du Splendid: Chritian CLavier, Michel Blanc, Josyane Balasko, Maris-Anne Chazel, Gerard JUgnot et Bruno Moynot pose sur la scene du hteatre du Splendid. Paris, FRANCE-13/04/2024

Clin d’œil à un autre groupe mythique… Pour nous, ils rejouent la scène de leur grand déménagement théâtral. Paris Match / © Vincent Capman

Retour vers le passé : en 1981, la bande des sept rejoignait le théâtre du 48, rue du Faubourg-Saint-Martin.

Retour vers le passé : en 1981, la bande des sept rejoignait le théâtre du 48, rue du Faubourg-Saint-Martin. © DR

Le plus beau souvenir de cet été 1978 ? Christian Clavier en mini-slip

La suite fait partie de l’Histoire : l’oncle de Christian, Yves Rousset-Rouard, producteur d’« Emmanuelle », vient voir la pièce, se bidonne comme jamais et propose d’en faire un film. « Au départ, il n’était pas question que ce soit nous qui tournions, reprend Josiane. Les associés du tonton de Christian voulaient des vedettes. On s’y est opposés, il nous a imposés et c’est comme ça qu’on s’est tous ­retrouvés à Assouindé, en Côte d’Ivoire, pour le tournage. » Son plus beau souvenir de cet été 1978 ? Christian Clavier en mini-slip. « Il avait de l’audace quand même. Et quand le film est sorti, on est devenu “Les bronzés” pour toujours. »

« C’est un peu tout le problème, estime Michel Blanc. À l’époque, on a écrit des personnages qui étaient assez proches de nous. Jean-Claude Dusse, c’était clairement pour moi, pas pour Thierry Lhermitte. J’ai très vite eu peur qu’on m’y associe toute ma vie. » Si Blanc participe à l’écriture du ­deuxième volet lancé dans la foulée, il prend rapidement ses distances pour mieux s’imposer en solo. Il est une voix au téléphone dans « Le Père Noël est une ordure » et se contente d’une petite apparition dans « Papy fait de la résistance », préférant, dès 1981 se lancer dans la réalisation avec « Viens chez moi, j’habite chez une copine ». Le héros de son film peut s’appeler Guy, il n’est rien d’autre qu’un cousin éloigné de Jean-Claude Dusse, cultivant le sillon du mec mal dans ses baskets, en galère avec les filles.

La palme des dissipés revient à Gérard Jugnot et à Christian Clavier.

La palme des dissipés revient à Gérard Jugnot et à Christian Clavier. Paris Match / © Vincent Capman

« Ça va les retraités ? » lance Thierry Lhermitte, dernier arrivé.

« Ça va les retraités ? » lance Thierry Lhermitte, dernier arrivé. Paris Match / © Vincent Capman

Entre 1979 et 1995, ils sont à eux tous responsables des plus gros succès de la comédie française

L’émancipation de Michel aurait-elle pu briser le bel élan du Splendid ? « Au contraire, on a toujours joué avec les uns et les autres, estime Jugnot. Ça fait partie de l’histoire qu’on a tissée avec le public. » Jérôme Commandeur, bercé par Le Splendid dès sa plus tendre enfance, fait remarquer que « si l’on se penche sur le box-office des comédies françaises entre 1979 et 1995, ils sont à eux tous responsables de ses plus gros succès »… De « Pinot simple flic » à « Gazon maudit » en passant par « Les visiteurs », « Les keufs », « Scout toujours… » ou « Grosse fatigue », les sept mercenaires de la comédie nouent au fil des décennies un lien réel avec le public, à coups de blagues potaches, ­d’ironie bien sentie, servies avec une immense tendresse.

« Je ne sais pas s’il y a un esprit ­Splendid, note Josiane Balasko. Mais ce qui est sûr c’est qu’on incarne une forme de liberté, on s’est fait plaisir, on a cherché à faire rire les gens, on a beaucoup rigolé entre nous, et c’est ce que le public a retenu. » L’élégant Thierry Lhermitte estime qu’ils ont su « se moquer de l’époque en utilisant des personnages qui étaient des archétypes sociaux. Et encore plus dans “Le Père Noël est une ordure” ». Avec une pointe d’amertume, Gérard Jugnot rappelle que « si nos films marchaient très bien, jamais ils n’étaient récompensés. On a fini par s’y ­habituer… »

Christian Clavier, Josiane Balasko et Gérard Jugnot

Christian Clavier, Josiane Balasko et Gérard Jugnot Paris Match / © Vincent Capman

Leur complicité n’a pas pris une ride… Même en coulisse, impossible de garder son sérieux !

Leur complicité n’a pas pris une ride… Même en coulisse, impossible de garder son sérieux ! Paris Match / © Vincent Capman

Le Splendid ­proposerait-il un humour de droite ?

Le Splendid ­proposerait-il un humour de droite, déplaisant au monde du cinéma, toujours prêt à embrasser les bonnes causes de gauche ? « Alors là, je n’ai aucune idée de ce que votent mes petits camarades, reprend Josiane. Même si je suis assez convaincue que Christian n’est pas trop à gauche. » « Même s’il vit en Belgique, se marre Michel Blanc, il n’a pas pour autant tourné avec les frères Dardenne ! » Lhermitte soutient évidemment le côté apolitique de leur amitié. « Heureusement qu’on est capables de s’entendre avec des gens qui n’ont pas les mêmes opinions que nous. Qu’est-ce qu’on s’ennuierait sinon ! » Clavier et Jugnot sont d’ailleurs les premiers à s’invectiver, ce 13 avril, pour mieux affirmer leurs différences : l’un est intime avec Nicolas Sarkozy, l’autre a passé un 31 décembre à La Lanterne avec François Hollande. « Comme dans chaque famille, tout le monde n’a pas les mêmes opinions. Et c’est très bien ainsi », conclut Gérard, ravi d’avoir le dernier mot.

C’est ce même Jugnot qui, en 2005, avait souhaité réunir ses complices le temps d’un film qu’il rêvait de tourner, « Astérix et Obélix en Hispanie ». « Pour une histoire très bête de gros sous, Albert Uderzo s’est opposé au projet, se souvient le réalisateur. On a tous été déçus, et Christian a proposé qu’on se lance dans l’écriture du troisième “Bronzés”. » « Ce n’est pas ce qu’on a fait de mieux, estime Blanc, enfin, ce que j’ai fait de mieux. Je me trouve absent. Et ce ratage est totalement de ma faute. Je n’avais pas envie de faire ce film et je n’avais pas envie qu’ils le fassent sans moi. »

Gérard Jugnot et son double, dans le sous-sol du théâtre où, à 30 ans, il a fait son premier seul en scène.

Gérard Jugnot et son double, dans le sous-sol du théâtre où, à 30 ans, il a fait son premier seul en scène. Paris Match / © Hélène Pambrun

Étrillé par la critique, « Les bronzés 3 » est un succès en salle. De quoi réfléchir à un quatrième volet ? 

À la sortie, en 2006, « Les bronzés 3, amis pour la vie » se fait étriller par la critique, mais attire plus de 10 millions de spectateurs ! « Des échecs à 10 millions, j’en redemande », s’esclaffe Jugnot, qui s’est offert dans ce troisième volet une séquence mémorable avec son fils Arthur, celle où il lui annonce l’homosexualité de son personnage. « C’est même l’un des plus grands fous rires de notre vie. Pour lui, se retrouver à jouer devant eux, c’était dingue. » « Et moi je le revendique, ce film, assume Lhermitte, peu importe le nombre d’entrées. C’était chouette de voir ce que nos personnages étaient devenus, de montrer qu’ils étaient toujours aussi lâches face à la misère sociale. Un peu comme tout le monde, non ? »

Mais fallait-il quitter le public français sur ce bémol ? Ne serait-il pas temps de se remettre au travail pour un dernier tour de piste ? Patrice Leconte lui-même avait ­suggéré, non sans humour, de faire « Les bronzés à l’Ehpad ». « Impossible, dit Marie-Anne Chazel, nous ne savons plus écrire ensemble. Et nous ne trouverons jamais le temps. Mais ce qui serait chouette, c’est que quelqu’un nous écrive un scénario qui nous convienne. » Michel Blanc, lui, est catégorique : « Faire des choses ensemble, oui, mais pas “Les bronzés”. On ne sait plus faire cet humour-là. C’était il y a bientôt ­cinquante ans, le monde a évolué. »

Bruno Moynot et Christian Clavier, qui a tourné dans la comédie « Jamais sans mon psy », d’Arnaud Lemort, en salle fin 2024.

Bruno Moynot et Christian Clavier, qui a tourné dans la comédie « Jamais sans mon psy », d’Arnaud Lemort, en salle fin 2024. Paris Match / © Hélène Pambrun

rdv avec la troupe du SPLENDID au splendid, Paris Xème, le 13 Avril 2024.

Michel Blanc, alias Jean-Claude Dusse (des « Bronzés »…) « conclut » la séance avec Josiane Balasko. Il sera bientôt à l’affi che du fi lm « La cache », de Lionel Baier. Paris Match / © Hélène Pambrun

La bande à Fifi, héritier de « ­l’esprit Splendid »

Christian Clavier – l’homme qui a le don de ­renifler les bons coups (il affole les compteurs des salles depuis dix ans avec « Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? ») – voit dans la bande à Fifi d’éventuels repreneurs de flambeau de « ­l’esprit Splendid ». Il a d’ailleurs emboîté le pas à Jugnot en tournant dans « Babysitting 2 », de Philippe Lacheau. « Gérard est presque mon parrain de cinéma, raconte le jeune cinéaste, puisqu’il a accepté de jouer dans mon premier film, alors que je n’avais encore rien fait. C’était fou d’avoir un membre du Splendid avec nous, je n’osais même pas lui parler. Et quand Christian nous a rejoints, j’étais aux anges. C’est vrai que, dans un coin de ma tête, je me dis qu’il y aurait des choses à faire entre les comédiens de ma bande et eux. Mais il faut la bonne idée… »

« Chez nous, il n’y a jamais eu de chef, rappelle Josiane. On a toujours fonctionné de manière démocratique et c’est aussi la raison pour laquelle certaines choses ne se sont pas faites. Mais si j’ai envie qu’on refasse un truc tous les sept ? La réponse est oui. » « Tout dépend de la qualité du projet », tranche un Popeye (Thierry Lhermitte) ravi d’avoir retrouvé ses partenaires le temps d’une séance photo. En quittant les lieux le 13 avril, Christian Clavier s’est fait arrêter par un jeune homme qui rêve de devenir comédien. Balbutiant, il a pris son courage à deux mains pour demander à Jacquouille la Fripouille son conseil pour réussir. « De la ténacité, jeune homme, de la ténacité ! » lui a répondu le fringant ­septuagénaire. Que les cinéastes, scénaristes et producteurs soient ici avertis : en 2024, Le Splendid a encore envie de ­rigoler. Et nous aussi. Avec eux, tous ensemble, évidemment.

L’écrit initial est réédité de la manière la plus honnête que possible. Pour toute observation sur ce sujet concernant le sujet « men chastity », veuillez utiliser les coordonnées indiquées sur notre site web. sexymendirectory.net vous a préparé ce post qui débat du sujet « men chastity ». sexymendirectory.net est une plateforme numérique qui globalise diverses infos publiées sur le web dont le sujet de prédilection est « men chastity ». Il y a de prévu plusieurs articles sur le sujet « men chastity » dans quelques jours, nous vous invitons à consulter notre site web aussi souvent que possible.

Par Joseph GARCIA

Responsable édition

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