Michel Jonasz : le swing de la soul et l’âme de la famille

On ne l’avait jamais oublié, le monsieur de la station-service sur TF1. Mais on est heureux de le retrouver avec un album revisitant dans une veine soul dix de ses chansons. Le répertoire est large et varié chez Michel Jonasz, avec pour dénominateur commun de savoir faire comme nul autre swinguer la langue française. De Groove Baby Groove à Joueurs de blues en duo avec Ben l’Oncle Soul, c’est toute une époque aussi qui défile sous nos yeux, de Palais des Sports en salles de Zénith. Manu Katché faisait ses débuts de batteur et Jean-Yves D’Angelo complétait l’alchimie au piano.

On les retrouve comme s’ils s’étaient quittés hier alors que leur chanteur, Michel Jonasz, fait aussi un carton sur scène dans la nouvelle pièce de Samuel Benchetrit où il est justement question de famille.

Le JDD. Cet album Soul est marqué par vos retrouvailles avec vos complices Manu Katché à la batterie et Jean-Yves D’Angelo aux claviers, emblématiques de vos succès dans les années 1980. Est-ce une période qui a votre préférence ?

Michel Jonasz. Nos routes s’étaient séparées à l’époque de La Fabuleuse Histoire de Mister Swing, en 1988. Manu était parti vivre l’aventure internationale que l’on connaît avec Sting ou Peter Gabriel. Jean-Yves continuait cependant à m’écrire des arrangements de cordes ou à m’accompagner sur scène au piano. Mais au vu des beaux souvenirs que nous avions eus ensemble, de notre amitié et des liens que nous avions tissés, nous nous étions toujours promis de nous retrouver.

Cet album est le troisième que nous enregistrons ensemble depuis La Méouge, le Rhône, la Durance (2019) et Chanter le blues (2023). Manu, c’est ma pulsation rythmique, le batteur avec lequel je me suis toujours senti à l’aise, et ce dès le premier jour. Lorsqu’il avait dû faire son service militaire, je lui avais d’ailleurs dit : « Tu peux partir tranquille, tu auras toujours ta place en rentrant. »

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On le retrouve sur l’album Tristesse (1983), dont on retrouve ici trois titres, Minuit sonne, Une seule journée passée sans elle et Lucille. En quoi ces années étaient-elles magiques ?

Elles ont toutes été fortes pour moi. Bien sûr, en 1977, j’avais déjà fait le théâtre de la Ville, mais cette période jalonnée de succès, avec notamment l’album Unis vers l’uni (1985), porté sur la scène du Palais des Sports (La Boîte de jazz, La FM qui s’est spécialisée funky, Ray Charles), m’a offert du confort. La reconnaissance, ce n’est pas seulement être identifié dans la rue, mais aussi avoir les moyens financiers de faire des albums et de produire de beaux spectacles. Tous les artistes se battent pour avoir ce genre de notoriété. Moi, je ne me considère pas comme une star, et prendre le métro ne me pose pas de problème : les gens ne me regardent pas. Ça m’amuse qu’on ne me reconnaisse pas. Dès mes débuts chez Warner en 1974, j’avais pris mes précautions en demandant la chose suivante : « Donnez-moi le pourcentage que vous voulez sur mes ventes, tant que je peux être crédité comme directeur artistique dans mes contrats. » C’était ma seule exigence : être libre du choix de mes chansons et de mes musiciens.

« Piaf, Brel, Brassens… J’ai grandi entouré de musique »

La soul est une musique afro-américaine. Pourquoi avez-vous choisi de la chanter en français ?

Mais parce que je suis Français ! C’est ma langue. Naturellement, à mes tout débuts dans les années 1960, je chantais du Ray Charles, Otis Redding et Wilson Pickett en anglais. Mais je suis vite revenu au français. J’ai grandi entouré de musique. Mon père m’a emmené voir Piaf sur scène quand j’avais 13 ans. Brel, j’allais l’écouter tous les soirs. Et puis Brassens. Mon père était arrivé de Hongrie à l’âge de 5 ou 6 ans, ma mère à 16 ans. La radio était tout le temps allumée à la maison. Ils adoraient la chanson française. C’était la musique, mais aussi l’amour des mots et les histoires que l’on y raconte.

Et vos histoires à vous sont-elles autobiographiques ? Super Nana (1974) existe-t-elle, par exemple ?

Cette chanson, on la doit à Jean-Claude Vannier. Mais oui, j’ai eu moi aussi, comme n’importe quel mec, des super nanas. Une chanson, c’est un mélange d’autobiographie, de fiction et d’imaginaire. On ne peut pas chanter des sentiments qu’on ne connaît pas. Quand j’interprète Super Nana me revient le visage d’une fille que j’ai pu regarder. Toutes ont existé. J’ai été étonné de l’interprétation que certaines personnes ont faite de mes chansons. Pour Guigui, les gens pensaient que je parlais d’un type atteint d’Alzheimer alors qu’il s’agissait d’un type rendu fou d’amour. Je l’avais écrite pour remplacer mon single Je t’aimais tellement fort que j’t’aime encore (1981) car William Sheller avait sorti un titre qui s’intitulait Je m’gênerais pas pour dire que je t’aime encore (1978).

Les Lignes téléphoniques (1985) est partie d’une histoire vraie. J’étais en vacances avec mon fils dans ma maison des Alpes du Sud quand je l’ai vu dévaler une montagne le long d’une ligne de fils à haute tension. En le voyant s’éloigner, je me suis imaginé qu’un jour, mon môme, Florian, allait partir et qu’on ne serait plus reliés que par des fils électriques : des lignes téléphoniques.

En ce moment, vous jouez aussi au théâtre, dans la pièce de Samuel Benchetrit, La Famille. En quoi cette carrière de comédien diffère-t-elle de votre activité de chanteur ?

Le théâtre, je l’ai d’abord découvert grâce à la télévision. Le 25 décembre 1960, j’étais devant mon petit écran : on y diffusait, dans ce cadre noir et blanc, une captation de Cyrano de Bergerac avec Daniel Sorano dans le rôle-titre. C’est un des premiers livres que j’ai lus quand j’étais môme. La comédie est donc venue chez moi avant la chanson. Porte de Vanves, je prenais des cours d’art dramatique dans une maison des jeunes. Et j’aimais ça ! C’est la première fois que j’ai connu ce sentiment d’être devant des gens qui m’écoutaient et me regardaient. Et ça fait quelque chose !

« Mon rêve aurait été d’être à la fois chanteur et comédien »

Mon rêve aurait été de mener les deux carrières en parallèle, mais la musique m’a happé. Je m’arrangeais néanmoins toujours pour avoir un petit sketch au milieu de mes chansons. La pièce de Samuel Benchetrit, où je joue le rôle d’un père aux côtés de Patrick Timsit, François-Xavier Demaison, Claire Nadeau et Kate Moran, n’est pas à proprement parler une comédie, mais on y rit. Faire rire, c’est extraordinaire, c’est palpable. Moi, je n’ai pas beaucoup de chansons qui font rire alors que j’aime cette émotion plus immédiate.

Cette pièce traite de liens dysfonctionnels au sein d’une famille. Vous avez connu cela ?

Non, pas avec ma sœur. Mais je vois ce que cela peut donner avec mes enfants… La grande leçon à retenir en amour, c’est qu’il faut apprendre à aimer l’autre tel qu’il est et non tel qu’on voudrait qu’il soit. Et ce n’est pas facile… Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas discuter. Les conflits, les malentendus, c’est ce qu’il y a de plus fatigant dans la vie, plus encore que de se produire tous les soirs sur une scène ! À la sortie du théâtre, j’entends souvent des gens dire : « Tiens, ça m’a donné envie d’appeler mon frère. Tiens, que devient ma sœur ? »

La famille, ça a été très important pour vous…

La mienne m’a toujours encouragé dans la musique. Quand j’étais gamin, j’allais chez mes grands-parents paternels, à Drancy. Mes autres grands-parents, je ne les ai pas connus : ils ont été déportés. C’était une famille de sept enfants. Ma mère a perdu ses deux parents et quatre de ses six frères dans les camps. De mon grand-père maternel, je sais juste qu’il chantait dans une synagogue. Je lui ai d’ailleurs rendu hommage avec la pièce Abraham (2009), où je jouais son personnage.

Pour revenir à Drancy, ma grand-mère paternelle préparait à manger. Puis, après le repas, ils sortaient le tourne-disque et on écoutait de la musique tsigane hongroise. En même temps, je regardais les photos de mes grands-parents qui s’étaient rencontrés sur une scène d’opérette à Budapest. En regardant leur visage et ceux de mes parents venus de Hongrie, j’ai pris conscience de l’impact de la musique sur les gens. Sans que j’arrive à le formuler clairement, je voyais bien que leurs expressions changeaient, j’apercevais leurs yeux humides. Pour ces déracinés, cette musique était ce qui les reliait encore à leur pays.

Vous avez grandi à Drancy. Y retournez-vous parfois ?

On habitait aux Quatre-Routes, pas loin du camp. Nous avons quitté la ville quand j’avais 9 ans, mais on y revenait tous les dimanches pour aller voir mes grands-parents qui étaient restés dans leur petit appartement de l’avenue Henri-Barbusse. Parfois, on arrivait tout juste pour le dîner. Je me souviens que mon grand-père nous guettait à la fenêtre. C’est un truc que je fais à mon tour, quand les gens partent ou reviennent. Je me mets à la fenêtre. Et j’attends. Et puis quand j’achète une nouvelle voiture, je ne résiste pas à l’idée d’aller à Drancy me poster sous les anciennes fenêtres de mon grand-père et je lui demande : « Tu as vu ma nouvelle voiture ? Elle te plaît ? »

En avril 2023, on vous a vu aussi avec votre voiture : dans une station-service où vous cherchiez de l’essence en pleine pénurie de carburant. Le JT de TF1 y avait consacré un reportage…

Quelle histoire ! J’ai tout de suite remarqué que la journaliste ne me reconnaissait pas. Moi, ça m’a amusé. La pauvre, elle était trop jeune pour savoir qui j’étais. Mais quand j’ai voulu me tourner vers la caméra pour dire bonjour à ma maman, elle ne s’est pas privée de me gronder : « Non, on ne regarde pas la caméra ! » m’a-t-elle lancé sur un ton très professionnel. Cette séquence a fait un de ces buzz ! Le directeur de l’information de TF1 m’a même appelé pour s’excuser. Moi, ça m’a fait marrer : on en a plus parlé que de mes chansons !


Michel Jonasz, « Soul » (MJM/Ada) « La Famille », au théâtre Édouard-VII (Paris 8e). 1 h 30. Jusqu’au 5 janvier 2025. theatreedouard7.com

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Par Joseph GARCIA

Responsable édition

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