On a fini par l’attraper au départ de Nice, hier midi. Toujours fringant à 76 ans, Bernard Thévenet a publié un livre intimiste sur ses souvenirs, Des terres charolaises aux Champs-Élysées (Héraclite-Mareuil). Directeur du Critérium du Dauphiné pour ASO (l’organisateur du Tour de France) depuis 2010, « Nanard » a conservé un enthousiasme aussi intact que sa popularité.
Le JDD. Nice, qui accueille ce dernier week-end du Tour 2024, était le lieu de départ de la mémorable étape vers Pra-Loup en 1975, où vous renversez Merckx l’intouchable…
Bernard Thévenet. C’est là qu’a commencé ma véritable aventure. Tout le monde a retenu cette étape même si, pour moi, celle du lendemain était encore plus belle. Vers Pra-Loup, j’ai eu la trouille pendant les 60 derniers kilomètres, Merckx m’attaquait, j’ai perdu du temps, c’était un vrai cauchemar et, en un quart d’heure, c’est passé au rêve. Le soir, je me faisais quand même du souci parce que 58 secondes d’avance sur Merckx, ce n’était rien. Le lendemain, j’étais content parce que j’avais réussi à faire ce que je devais faire.
En passant seul en tête de l’Izoard, un 14 Juillet…
Il y avait un monde fou, il n’y avait pas de barrière, les gens sautaient au milieu de la route. Sur le moment, on est très concentré, on ne se rend pas compte de l’intérêt, de l’émotion des gens et, après l’arrivée, on se dit, mince quand même ! Sans vouloir me vanter, j’ai rendu quelques milliers de personnes heureuses.
C’est cet été-là que vous êtes vraiment rentré dans le cœur des Français…
C’était une telle surprise que ça les a beaucoup marqués. Vers Pra-Loup, il y avait une panne de télé, et quand l’hélico est revenu, les positions étaient inversées. D’un seul coup, on m’a vu arriver…
Aujourd’hui, le Tour de France est hyperconnecté par la radio, les capteurs de puissance… Garde-t-il son charme pour vous ?
Je trouve qu’il l’a retrouvé, parce qu’avec les protagonistes actuels, on retrouve un peu le cyclisme d’avant. Il y a quinze ans, on avait l’impression que le coureur obéissait à un plan défini. Maintenant, il y a plus de responsabilités, le coureur attaque en fonction de ses adversaires et non plus de ce que lui a dit son entraîneur.
Comme Tadej Pogacar. Vous fait-il penser au « cannibale » Merckx ?
Oui, dans le sens où il profite de la moindre lacune de ses adversaires. Je ne pense pas que ce soit possible de gagner autant de courses que Merckx pour un coureur de notre époque [525 victoires pour le Belge entre 1965 et 1978, dont 34 étapes du Tour de France et cinq classements généraux, NDLR] mais dans sa façon de voir la course, Pogacar fait bien sûr penser à Merckx !
Dans votre livre de souvenirs, vous partez de vos racines charolaises et de votre après-carrière. Avec le Tour, vous continuez à sillonner la France…
J’aime retrouver au Tour de France des anciens copains, adversaires ou équipiers, journalistes, les gens de la caravane… Une sorte de famille où tout le monde a envie de venir. C’est bien aussi de découvrir des routes, retrouver des paysages, le patrimoine, même si on passe un peu en courant devant ses monuments !
Le cyclisme est une histoire de lieux, de mémoire, de pèlerinage parfois, notamment en Italie, d’où le Tour est parti. Vous qui êtes croyant, êtes-vous sensible à cette dimension spirituelle ?
Il y a beaucoup de belles valeurs dans le vélo, dans le sport en général. Quand on voit la première étape, où Frank van den Broek se sacrifie pour Romain Bardet, c’est beau, le travail des équipiers, cette fraternité… Ce n’est pas une religion, mais tout le monde a du respect pour ce qu’on appelle le métier. Quand j’étais amateur, un coureur me disait : « Il ne faut jamais se moquer d’un petit coureur parce qu’un jour, il peut te faire mal. » Il y a parfois de l’animosité, comme entre Poulidor et Anquetil par exemple – elle était un peu exagérée par les médias d’ailleurs, mais ça a duré le temps de leur carrière et après, ils étaient copains comme cochons !
Quels coureurs français vous ont enthousiasmé cette année ?
Bardet, le premier jour, on ne pouvait pas commencer mieux le Tour de France ! Il a été un peu chanceux, mais il fallait oser, c’était magnifique ! Ensuite, il y a la surprise [Kévin] Vauquelin, [Anthony] Turgis aussi [tous trois vainqueurs d’étapes]… C’est un bon Tour de France pour les Français. On n’est pas dans le classement général, mais vous savez, maintenant, un coureur, s’il sent qu’il ne peut plus être dans le Top 5, finalement, le classement général, à quoi cela lui sert-il ? Tu fais sixième du Tour et, le lundi, personne ne le saura. Donc tu préfères jouer une étape. On ne peut plus regarder les classements avec les critères d’avant. Je garde quand même bon espoir pour les Français, même si tant qu’on a des mecs comme Pogacar, Vingegaard ou même Evenepoel, ça ne va pas être facile d’être sur le podium…
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